Bagheerafrica

Chapa n° 3 Le Mozambique

Le Chapa N° 03 (Mozambique)

 

 

Dimanche 2 novembre 2008, nous arrivons donc à Nacala qui est le deuxième plus grand port naturel du monde, il faut dire que la baie escarpée est immense.

 

Campings : le Baydiving and camping d’Arthur n’est pas facile d’accès, les derniers mètres de pistes sont ravinés et Bagheera se heurte encore de nombreuses fois aux basses branches des arbres. Nous sommes accueillis par le propriétaire lui même qui dès notre arrivée en voyant Ulysse nous conseille de ne pas laisser divaguer notre chien car il y a des cobras dans les parages, un de ses chiens porte d’ailleurs une méchante cicatrice de morsure de serpent sur une des cuisses, ca nous met tout de suite en confiance.

Il n’y a pas tellement d’emplacement pour les campeurs et encore moins pour un véhicule comme le notre mais nous trouvons entre les bungalows paillotes un petit emplacement à l’ombre d’un anacardier. Nous avons du mal à nous mettre d’aplomb et avec cette allure penchée à droite nous remarquons des traces de gasoil sur le sol de l’habitacle. Marc est obligé pour que nous puissions passer la nuit sans avoir trop de carburant à nos pied, de nous équilibrer avec le vérin pour être le plus plat possible. Pour dormir, Ulysse est consigné à l’avant du véhicule et nous barricadons l’accès du carré avec une chaise, il ne comprend rien à ce qui lui arrive et il tourne dans son espace réduit comme un lion en cage mais c’est préférable plutôt que le voir se rouler malgré lui dans les traces de gasoil que nous essayons d’absorber au maximum  avec du papier journal. Le sol est gras, ca pue et ca met de mauvaise humeur !

Nous avons des WC et des douches chaudes à notre disposition, une paillotte avec une prise de courant que je transforme pour un temps en bureau et où j’installe mon ordi, cela me sert également pour y faire la vaisselle et le lavage du linge qui grâce au soleil et au vent sèche en un rien de temps. La mer pour la baignade est en contrebas. Il y a bien une piscine mais le bassin, qui au demeurant est propre ressemble plus à un bassin pour poissons. Nous préférons, même sous le soleil torride, affronter les nombreuses marches qui descendent vers la crique abritée, pour nous baigner dans l’eau de la mer. Ulysse ne se hasarde pas à faire ami avec le gros cochon de la maison qui déambule le plus tranquillement du monde mais il se fait des potes chiens dont un petit clebs tout poilu, qui n’est pas connu de Béatrice la réceptionniste du camping, mais qui dès notre arrivée ne nous lâche pas et ne quitte pas Ulysse d’une patte ! Si nous avons à craindre les cobras, nous n’avons pas de soucis à nous faire des voleurs qui voudraient s’aventurer dans le camping car pour la nuit, à quelques dizaines de mètres de nous, un gardien armé d’un arc et de flèches veille sur notre sommeil.

 

Il y a des campings où nous sommes gênés par notre hauteur et d’autre par notre lourdeur comme à Cuasarina camping à Ilha do Mozambique où nous sommes venus à la rencontre d’Alain, de Véronique et de Mathilde,  des amis qui voyagent en bateau et qui doivent faire escale au Mozambique. Nous faisons à peine quelques mètres dans le camping que Bagheera se plante dans le sable et il faut nous y reprendre à deux fois avec les plaques d’envol pour nous en extirper. Ce petit jeu se reproduit aussi au moment d’en repartir le lendemain bien sur. Nous sommes sur le bord de la plage mais nous ne sommes pas tentés de nous y baigner, c’est marée basse, la mer et la plage sont plutôt les domaines des pêcheurs que des baigneurs. Ici, ce n’est pas deux chiens qui ne lâchent pas Ulysse d’un poil (hérissé) mais une bande de huit qui lui rôde autour dès qu’il met une patte en dehors du camion et cela se finit souvent par une bataille de crocs avec quelques mâles.

 

Et puis il existe aussi le camping où on se fait littéralement jeté. Nous arrivons à Pemba, nous avons rendez vous samedi avec Cely qui est en déplacement dans les districts environnants pour son boulot au ministère de l’Education Nationale, et nous voulons trouver un camping pour l’attendre et passer au moins une soirée avec elle.

La piste qui part de la route nationale pour aller au Pemba Dive est longue et pentue. Arrivés au niveau de la mer et du camp, nous croisons les pas d’une femme largement chapeautée à la « cowboy », il y a également plusieurs chiens dans la propriété. Nous demandons le prix mais la femme n’a pas le temps de nous répondre, Ulysse met son museau à ma fenêtre et aboie sur un petit bâtard  qui est au pied de notre camion. Aussitôt la nana s’empare de son chien et le serrant bien fort contre elle, nous lâche comme si elle venait de se retrouver nez à nez avec un diable noir : No Dog, Sorry No Dog ! Je lui montre les autres chiens, mais elle me rétorque que ce sont ses chiens et que c’est sa propriété, No Dog ! Brenda comme s’appelle cette propriétaire Sud africaine est réputée dans les parages pour être un peu barjot et le Petit Futé d’il y a dix ans la présente comme un peu mystique et se passionnant pour le magnétisme et les herbes médicinales mais on se demande ce qu’elle fume ! On se casse sans lui dire au revoir !

 

Le camping du bout du monde existe également, il est tellement éloigné de tout qu’on croit ne jamais y arriver. Nous faisons de longs kilomètres sur une étroite piste sableuse et cahoteuse qui ne nous permet pas de dépasser les 20 km/h, le long de la magnifique plage entre Mucojo et Pangane et à travers une paradisiaque cocoteraie parsemée de quelques filaos. Tout le long de cette dizaine de kilomètres qui n’en finit pas, de minuscules villages de pêcheurs se succèdent, les familles entières sont occupées à décortiquer des petites huitres plates et à entasser les mollusques défaits de leurs coquilles dans des sacs en plastiques qui ne nous donnent pas envie d’en acheter. Pas certains qu’il y ait un campismo au bout de cette piste, car nous n’avons vus aucunes pancartes, nous demandons maintes fois notre route et tout le monde nous affirme, un bras tendu vers la pointe de la presqu’ile qu’Hasheim Camp n’est pas loin. Au bout du bout, il y a bien trois petit bungalows cachés derrière une palissade de roseaux et de la place pour installer notre bivouac face à la mer et pratiquement sur la plage. Après ce jeu de piste nous enfilons rapidos les maillots de bains et hop dans l’eau chaude, 32°, un parfait petit bouillon. Le campement est simple, il n’y a pas d’électricité et il ne faut pas être trop exigeants pour les sanitaires. les « casas de banos » (salle de bain) sont sur la plage et ne sont que des petites cabanes sans toits isolés des regards par des cloisons en roseaux, les WC ne sont que de simples cuvettes de chiotte plantées dans le sable avec pour toute chasse d‘eau l’inévitable seau rempli d’eau et son pichet, la douche se compose d’un bidon d’eau placé en hauteur  muni tout de même d’une pomme de douche qui diffuse de minces filets d’eau douce mais juste ce qu’il faut pour nous dessaler, nous ainsi que le chien et c’est propre. A 18 h 30 alors que la lune s’est levée et diffuse sa lumière diaphane à travers les branches souples d’un filaos, Joseph le gardien nous livre le diner que nous avons commandé pour 130 Meticals chacun, soit 4 Euros. Nous savourons en toute quiétude et accompagnés d’une bière fraiche, deux beaux poissons frits, des lulas (calamars) cuisinés dans une sauce tomate exquise et du riz délicatement parfumé, riz planté et récolté à Pangane. En effet d’immenses rizières se trouvent non loin de la côte.

Nous ne restons qu’une nuit mais avant d’en repartir, nous ne résistons pas à nous baigner dans cet océan Indien que nous allons quitter pour un moment.

 

 

Tourisme : Nous n’avons plus de contacts Internet avec Alain et Véronique, c’est Fred qui de chez lui fait l’intermédiaire mais nous ne savons pas à quel moment précis ils arriveront à Ilha do Mozambique avec leur voilier Malamok, ils sont en provenance de Mayotte. Nous venons voir si à tout hasard, ils sont au mouillage car depuis notre camping nous avons aperçus 4 mâts de voiliers  à l’ancre dans la baie de l’île.

Comme du coup, nous n’avons pas pu emprunter le pont qui relie le continent à Ilha do Mozambique avec Bagheera car le pont n’est autorisé que pour les véhicules ne dépassant pas 2,5 tonnes, nous laissons Ulysse dans le camion et nous effectuons ce passage de trois kilomètres à pied. Nous arrivons par la ville des paillottes, quartier très populaire et surpeuplé qui parfois se trouve à 50 cm au dessous du niveau de la mer. Le dédale des ruelles laissent apercevoir la pauvreté et la précarité de logements et d’existence des habitants de l’île. Un peu plus loin c’est la vieille ville avec ses anciens bâtiments coloniaux en ruines, car si rien n’a changé, la loi ne permet pas encore à une entreprise étrangère de « posséder » un bâtiment. Alors que l’île est classée au patrimoine de l’humanité qui investirait plusieurs centaines de milliers de dollars dans des murs dont d’autres pourraient profiter. C’est dans la partie nord de l’île que se trouvent tous les hébergements pour touristes, quelques belles façades cachent des pensions de charme, mais d’autres façades décrépites ne sont que des vestiges du brillant passé de cette cité qui fut à une époque lointaine capitale de pays et ensuite de province.

Nous avons beau scruter le mouillage et essayer de repérer Malamok. A voir les bateaux, il est certain que nos amis ne sont pas encore arrivés et peut être même qu’ils ne sont pas encore partis de Mayotte.

Pour regagner le pont, nous suivons la route qui borde l’océan Indien, la grande plage proche de l’église catholique nous semble de loin être superbe, mais en nous y rapprochant nous ne découvrons que saletés et détritus. Les enfants réclament des « dineros » et veulent poser pour la photo en espérant se faire payer.

Pour le retour au camping, nous prenons un chapa, nous en avons plein les jambes, les déambulations dans l’ile et la chaleur ont  eu raison de notre courage de marcheurs à pied.

 Nous sommes le 5 novembre et Fred par un SMS, nous apprend qu’il a reçu un mail des amis qui annoncent leur départ de Mayotte le 10. Désolé, nous ne pouvons pas attendre, le rendez-vous est loupé.

 

 

Bivouacs : les bivouacs sont toujours de coups de chance car dans aucun guide, les petits coins que nous dénichons ne sont indiqués.

A une dizaine de kilomètres avant Pemba, nous bifurquons sur la piste qui mène vers Mécufi. Nous traversons trois longs villages toujours autant peuplés de gamins rieurs et criards. Nous sommes assez hauts en altitude par rapport à la mer dont nous apercevons les eaux turquoise de temps en temps. Nous trouvons difficilement une piste pour nous mener près de la plage, nous tombons tout d’abord pratiquement dans une cour de ferme, nous persévérons et trouvons enfin un petit endroit isolé rien que pour nous. Comme il faut s’y attendre, le terrain n’est pas du tout  d’aplomb et Marc doit faire des trous dans le sable pour caler nos pneus gauches et nous retrouver enfin à plat.

A marée basse c’est impossible de se baigner mais à marée haute une barrière rocheuse casse la houle du large et empêche les vagues de déferler sur la plage. Il y a très peu de profondeur, inutile de vouloir faire quelques brasses. Nous restons couchés dans tout juste 50 cm d’eau limpide et chaude, 33°, attirant à nous les rayons du soleil qui malgré la crème solaire indice 30, n’épargne pas nos peaux de blancs qui virent au rouge. Marc s’équipe PMT et part en expédition sous marine vers la barrière rocheuse mais à part oursins et quelques poissons cela ne vaut pas la peine d’être brassé par les vagues.

 

 

Petits bobos de Bagheera : Pauvre Bagheera, les pistes africaines le font souffrir. La réparation par soudage de la tôle autour du pare-brise faite à Maputo n’est plus qu’un lointain souvenir, les fissures deviennent de plus en plus importantes. Les pistes en tôles ondulées n’ont jamais été, pour nous et notre brave véhicule des parties de plaisir.

Avec les vibrations le pot d’échappement a bougé et la sortie s’est trouvée à proximité du réservoir d’eau qui a eu très chaud ! Tout comme le manche de notre raclette (à fumier) qui nous sert bien pour nous désensabler et dont le manche a commencé à se carboniser.

Les odeurs et la fuite de gasoil que nous avons souvent nous turlupinent. Malgré un démontage pour vérifier que le réservoir de secours intérieur n’est pas abimé et le rajout de deux « serflex » supplémentaires (il y en a déjà 2) sur le tuyau flexible de raccordement au réservoir principal, il y a toujours des fuites et des odeurs dans le camion dès que nous mettons plus de vingt litres de carburant dans la réserve. Marc fait quelques trous dans le coffre pour évacuer le Gasoil  à l’extérieur et non pas dans le véhicule si cela se reproduit. Heureusement que les stations services sont nombreuses dans le pays et que nous pouvons nous ravitailler souvent pour éviter tout débordement. Nous n’avons plus que 160 litres de carburant au lieu de 220 initialement (deux réservoirs et deux jerricans sur le toit)

Nous avons aussi des soucis avec notre pneu avant droit dont la gomme s’use comme peau de chagrin au soleil. Nous ne savons pas si cela est du à un problème de parallélisme ou à un mauvais rechapage fait à Maputo, toujours est il que le pneu lisse perd du service et se retrouve en roue de secours à l’arrière du camion.

Alors que nous sommes sur la piste entre Macomia et Palma, l’indicateur de température monte souvent à plus de 80°. Lors de notre pause pique nique, Marc remarque que les pales d’un ventilo sont sorties de l’ axe. Il est obligé pour réparer d’enlever les grilles de protection et de sortir le ventilateur. Le « circlip » (récupéré au Gabon) a sauté. Il refait une rainure à la lame de scie et remet un nouveau circlip avant de tout remonter et de reprendre la route (pas le temps d’une sieste)

 

 

Vie quotidienne : Nos jours se calquent sur les longs kilomètres de routes et de pistes, la traversée des villes ou des villages. Nous faisons dès que nous le pouvons de petits ravitaillements dans les supermarchés pour tenir à peu près à jour notre stock de départ. Il n’y a pas toujours des SHOPRITE dans les villes, et dans les villages nous ne trouvons que de petits étals où nous achetons bananes, mangues (c’est la saison) quelques tomates et concombres. Dans les petites boutiques, la plupart tenues par des indiens aux pouvoirs très puissant comme Ousman Yacob qui est certainement le plus riche commerçant de Pemba, nous trouvons ce qui pour nous est l’essentiel : conserves de légumes verts, lait, jus de fruits, pâtes etc. Grace à notre petit réfrigérateur qui a de nombreuses heures de marche nous pouvons bien conserver le beurre et les yaourts si possible de marque Parmalat (nous avons par précaution  un stock important de yaourts longue conservation achetés à Maputo Shoping) et la confiture, car souvenez vous nous sommes des adeptes d’un bon petit déjeuner complet. C’est plutôt du côté gaz que nous avons des soucis à nous faire car à Maputo nous n’avons pas pus faire recharger nos bouteilles de Camping Gaz. Nous avons été obligés d’acheter du nouveau matériel au grand GAME (magasin de style confondu de Casto, Confo et Auchan) Marc a pu alors faire remplir cette nouvelle bouteille avec du gaz et par un adroit bricolage envoyer un peu de gaz dans nos vieilles bouteilles bleues. Mais nous devons être économes, du coup, le pain grillé du matin est banni, nous mangeons de plus en plus de crudités et de plats froids et dès que je peux je cuisine au charbon de bois à l’extérieur, surtout pour faire griller du poulet ou de la viande rouge que nous achetons toujours congelé mais aussi pour faire cuire des patates.

Nous n’avons aucun mal à nous approvisionner en bière car quand il n’y a pas de SHOPRITE, il y a de nombreux BOTTLE STORE (boutiques qui ne vendent que de la boisson et des alcools) dans les villes moyennes.

Pour le gasoil, pas encore de problèmes car il y a suffisamment de stations service et de nombreuses marques, surtout des Petromoc et des Exito, en construction dans le nord du pays. Nous essayons au maximum d’aller chez Total ne serait ce que pour augmenter le chiffre d’affaire de la société où travaille Fred ! Nous en profitons également à chaque arrêt à la pompe pour faire remplir notre jerrican d’eau douce que nous transvasons dans nos réservoirs. Nous ajoutons un peu d’eau de javel et filtrons l’eau quand nous voulons la boire, sinon, elle ne sert qu’à la toilette et la cuisine.

Les Cybers café ne courent pas les rues et ce n’est qu’à Pemba que nous en avons repéré un très bien et que nous avons pu nous connecter. Les banques ne sont pas avares de billets (tant qu’on en a sur le compte), les Standart Banks ont toutes des distributeurs d’argents liquides où l’on peut retirer  jusqu’à 9900 MTS mais les banques Millénium, certainement les plus répandues limitent les retraits à 3000, ce qui augmente le cout du metical qui est descendu à 30 pour 1€. Les liaisons téléphoniques sont aisées dans le sud du pays mais les régions du nord sont nettement moins bien desservies par MCel ou Vodacom, nous devons attendre d’être proche d’une ville pour téléphoner ou écrire des SMS.

 

 

Contrôles : c’est toujours maintenant avec un peu d’appréhension que nous nous arrêtons aux contrôles routiers. Dès que nous apercevons au loin une chemise blanche ou bleu se mettre au milieu de la route et nous faire signe de stopper, nous sommes dans nos petits sabots et nous lâchons des : Merde c’est encore pour nous !

Au carrefour de Diaca et de Mocimboa da Praia, un militaire demande les papiers du véhicule et nos passeports (ça c’est rare) il a bien du mal à trouver les bons visas. Il demande à visiter le camion et je cache rapidement sous une serviette éponge notre petit stock de bière qui trône sous la table bien en évidence. Il a l’œil furtif, ne dit rien et ressort sans un mot en nous laissant partir.

Avant Nacomia, nous gagnons le cocotier, à quelques kilomètres de distance nous avons deux contrôles pour le prix d’un. Pour le premier ils se mettent à deux, un flic et un militaire qui lui ne veut visiter que le camion. Ulysse, ne lui fait pas peur, mais il ne rentre pas. Il me demande si nous avons de la viande à déclarer, je lui réponds par la négative. Il y a bien quelques restes de poulets et de saucisses dans le frigo mais ça il n’est pas obligé de le savoir. Par contre, la capulana que j’ai installé sur les canettes de bières s’est déplacée et le jeune homme les voit. Il en réclame mais je réussi à lui faire comprendre que je ne peux en donner à tout le monde. Le flic lui, a le Carnet De Passage en Douane entre les mains et il remarque que la date de validité est dépassée. Nous lui expliquons dans un « portugo-français » notre voyage et que nous attendons notre sortie du territoire mozambicain pour finir celui qu’il tient et mettre en service le nouveau à notre entrée au Malawi, et qui est daté jusqu’en  Août 2009. Les explications embrouillées semble lui convenir mais nous sommes quitte quand même de trois bières, pas fraiches ! Ils partagerons, ils sont 5.

Au second contrôle, le flic veut la licence (le permis de conduire) en prétextant qu’on nous l’a volé, Marc fournit toujours une copie de son permis international depuis l’aventure du Gabon mais cela ne plait pas au flic qui ne voit nulle part écrit que c’est bien un permis international. Il a raison, nous n’avons photocopié que le verso. Il nous menace d’une amende, je sors rapidement  l’original de mon permis international en lui faisant remarquer que ce sont bien les mêmes imprimés. Il nous laisse lui aussi partir ! Ouf ! Encore un de passé.

 

 

Rencontre : il y a des jours ou le hasard fait bien les choses. Nous sommes à Pemba, nous avons rendez vous avec Cély dans l’après midi, elle a terminée ses déplacements dans le nord et repart à Maputo le lendemain par avion. Nous sommes dans le petit supermarché du fameux Ousman Yacob. Une jeune femme blonde nous aborde en nous demandant si le camion jaune qui est dehors est à nous. Elle est danoise, parle un anglais et un portugais trop rapide pour que je puisse vraiment saisir ce qu’elle nous dit. Nous lui racontons nos déboires à cause du chien au campement de Brenda la folle et essayons de savoir si elle connaît l’autre camping indiqué sur le Petit Futé, celui de Russel. Elle nous fait comprendre que là aussi nous ne pourrons pas aller à cause d’Ulysse mais devant notre désarroi pour trouver un endroit pour la nuit, elle téléphone à des amis à elle : Georges et Emmanuelle qui sont français !

A midi, nous avons rendez vous avec Emmanuelle sur la terrasse d’une « pastéléria » (où on ne sert pas de bière, mais Marc peut siroter tranquillement une du camion s’il cache la canette avec une serviette en papier) Emmanuelle nous retrouve sans problème (il y a quand même beaucoup de blancs dans cette ville) elle est hyper énergique et nous explique en quelques mots comment elle et son mari sont arrivés jusqu’ici. Ils étaient tous les deux guides en Namibie, leur travail faisait que parfois ils se croisaient, ils ont donc décidés de « fuir »la Namibie et l’Afrique du Sud pour de raisons d’ordre social et de venir s’établir et créer un Lodge au Mozambique, ce qu’ils regrettent un peu aujourd’hui car les tracasseries administratives sont énormes et épuisantes et les bâtons dans les roues par des fonctionnaires véreux et corrompus  peuvent être décourageants à la longue. Ils ont néanmoins un terrain au bord de mer dans une superbe cocoteraie, et accepte de nous y « héberger » le temps que nous voulons. Emmanuelle nous y mène, c’est sur la piste qui mène à Mécufi ( par là où nous avons bivouaqué la veille) après environ 4 kilomètres de piste, nous arrivons en haut d’une colline et nous apercevons devant nos yeux ébahis, un décor de rêve et de carte postale. Une immense plage rien que pour nous, des cocotiers partout et trois gardiens, Nassyr, zuma et Alfredo pour nous surveiller car il y a paraît il des ladrons (voleurs) ici aussi. Aucun bungalow n’est encore construit mais il y a un puits et beaucoup de plantation en cours, Baobabs, filaos, flamboyants et frangipaniers, Emmanuelle fait pousser également du basilic. Arrivés le samedi nous y restons jusqu’au mardi matin ! Nous profitons de l’eau chaude et turquoise de l’océan indien mais il nous est impossible de rester longtemps au soleil sur la plage tellement il fait chaud, nous nous réfugions à l’ombre de notre store pour apprécier ce lieu idyllique, savourer une bonne bière bien fraiche, lire et nous reposer. Le premier soir nous sommes invités tout comme Cély (que nous allons chercher en ville de Pemba) et plusieurs de leurs amis Sud Af, Anglais et Australien, à un Barbecue Party dans leur maisonnette située a 4 kilomètres de leur terrain. Cély repartira à son hôtel avec un couple qui retourne à la ville et nous, pour ne pas faire la piste de nuit, nous dormons dans Bagheera garé à côté de la maison. Nous quittons les lieux le plus discrètement possible au petit matin du lendemain pour aller prendre notre petit déjeuner sur le terrain au bord de la mer. La veille de notre départ nous invitons Emmanuelle et Georges à diner chez nous (au camion)  mais chez eux (au terrain) nous passons une agréable soirée à nous raconter nos aventures africaines  réciproques.

Si vous passez un jour par Pemba, n’hésitez pas à contacter Emmanuelle et Georges qui parfois se sentent un peu isolés et sont heureux de pouvoir rencontrer des compatriotes baroudeurs.

 

 

Route : la route entre Nacala et Pemba est un bon goudron, par contre à partir de Nacomia, en allant toujours vers le nord du pays, le bitume se change en piste tôlée et portions de goudron en mauvais état jusqu’à Caia. C’est de nouveau un beau ruban noir jusqu’à Mocimboa da Praia. Pour rejoindre Palma, la large piste de terre suit les rondeurs du paysage. Ce ne sont que longues montées et abruptes descentes à travers des forêts calcinées ou des plaines fertiles et rizières. Il y a du monde à travailler dans les champs, la plupart du temps ce sont des femmes qui bêchent le sol. Pendant que les mamans travaillent avec courage sous un soleil de plomb, les jeunes enfants restent à l’ombre des arbres et s’occupent comme ils peuvent. Après leur dur labeur, elles repartiront vers leurs cases et leurs travaux domestiques en faisant de pénibles kilomètres à pied, les plus grands marmots à leurs pieds et les plus petits dans le dos sans oublier les fagots de bois ou les bassines sur la tête.

Palma est la dernière ville avant la frontière tanzanienne. Elle se divise en deux, la partie haute administrative et la ville basse qui s’étend langoureusement jusqu’à la mer et le petit marché coloré par une multitude de tissus et fringues chatoyants, de séries de faitouts en acier émaillé aux motifs floraux, de seaux et de bassines en plastiques de couleurs vives.

Après Palma la piste se rétrécie, les ornières dans le sable se font de plus en plus profondes et pas au même niveau si bien que Bagheera pour passer les obstacles saute inévitablement en se tordant. Dans le camion, ce n’est que vacarme et fracas, le pare brise baille de plus en plus dangereusement. A l’allure d’une tortue, nous arrivons sur les rives du rio Rovuma, en face de nous se dessinent les côtes tanzaniennes. Nous avions crus comprendre qu’à cet endroit un pont était en construction, que du côté Tanzanie les travaux étaient terminés mais pas du côté mozambicain. Vu l’état de la piste pour venir jusqu’ici, nous étions un peu sceptiques sur le projet et nous voilà fixé, il n’y a rien. Le pont semble se trouver plutôt à Negomane beaucoup plus à l’ouest. Ce qui paraît plus plausible car vu la largeur de l’estuaire il faudrait faire un ouvrage presque aussi long que celui qui est en construction pour franchir le fleuve Zambèze. Les piroguiers pensent que nous voulons quand même franchir la frontière et ils sont prêts à assembler trois pirogues avec des troncs d’arbres pour nous transporter de l’autre côté du rio en contournant les nombreux bancs de sable. Sont fous ces mozambicains !

Sur la route du retour, car c’est un cul de sac, nous nous engageons dans une autre piste étroite et sableuse pour aller au Farol Cabo Delgado (phare) les branches basses des anacardiers raclent sur le toit risquant d’abimer les panneaux solaires et de détériorer les deux jerricans de gasoil. D’ailleurs un  des deux fuit et nous avons des traces suspectes le long de notre carrosserie. En voulant prendre une contre piste car le sable devient de plus en plus mou, le moteur cale et ne veut plus démarrer. C’est la guigne, nous sommes loin de tout et s’il faut attendre quelques bonnes âmes pour pousser le véhicule, nous sommes là pour quelques jours ! Nous avons du faire cinq kilomètres depuis le carrefour et il en reste peut être autant pour atteindre le phare. Comme nous sommes coincés, nous déjeunons rapidement mais pas de gaité de cœur, puis Marc donne à tout hasard un tour de clé et Bagheera redémarre. Nous en avons assez de la galère pour aujourd’hui, nous rebroussons chemin sans avoir vu à quoi ressemblait el Farol Cabo Delgado.

 

Vendredi 14 novembre, nous sommes sur la route qui nous ramène vers Nampula, la fin de la journée arrive, le soleil décline à travers les arbres et pas moyen de trouver un bivouac. La chance nous tend de nouveau les bras, un petit chemin s’enfonce dans la forêt, un petit panneau indique une école à 1,5 kilomètre. Nous nous y engageons mais est ce vraiment notre jour de chance ? Vous le saurez en prenant le prochain Chapa.

 

Bisousdenousàvous, Eve, Marc et Ulysse.

  

 



24/02/2009
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