Chapa n° 3 Le Mozambique
Le Chapa N° 03 (Mozambique)
Dimanche 2 novembre 2008, nous
arrivons donc à Nacala qui est le deuxième plus grand port naturel du monde, il
faut dire que la baie escarpée est immense.
Campings : le Baydiving and
camping d’Arthur n’est pas facile d’accès, les derniers mètres de pistes sont ravinés
et Bagheera se heurte encore de nombreuses fois aux basses branches des arbres.
Nous sommes accueillis par le propriétaire lui même qui dès notre arrivée en
voyant Ulysse nous conseille de ne pas laisser divaguer notre chien car il y a
des cobras dans les parages, un de ses chiens porte d’ailleurs une méchante
cicatrice de morsure de serpent sur une des cuisses, ca nous met tout de suite
en confiance.
Il n’y a
pas tellement d’emplacement pour les campeurs et encore moins pour un véhicule
comme le notre mais nous trouvons entre les bungalows paillotes un petit
emplacement à l’ombre d’un anacardier. Nous avons du mal à nous mettre d’aplomb
et avec cette allure penchée à droite nous remarquons des traces de gasoil sur
le sol de l’habitacle. Marc est obligé pour que nous puissions passer la nuit
sans avoir trop de carburant à nos pied, de nous équilibrer avec le vérin pour
être le plus plat possible. Pour dormir, Ulysse est consigné à l’avant du
véhicule et nous barricadons l’accès du carré avec une chaise, il ne comprend
rien à ce qui lui arrive et il tourne dans son espace réduit comme un lion en
cage mais c’est préférable plutôt que le voir se rouler malgré lui dans les
traces de gasoil que nous essayons d’absorber au maximum avec du papier journal. Le sol est gras, ca
pue et ca met de mauvaise humeur !
Nous avons
des WC et des douches chaudes à notre disposition, une paillotte avec une prise
de courant que je transforme pour un temps en bureau et où j’installe mon ordi,
cela me sert également pour y faire la vaisselle et le lavage du linge qui
grâce au soleil et au vent sèche en un rien de temps. La mer pour la baignade
est en contrebas. Il y a bien une piscine mais le bassin, qui au demeurant est
propre ressemble plus à un bassin pour poissons. Nous préférons, même sous le
soleil torride, affronter les nombreuses marches qui descendent vers la crique
abritée, pour nous baigner dans l’eau de la mer. Ulysse ne se hasarde pas à
faire ami avec le gros cochon de la maison qui déambule le plus tranquillement
du monde mais il se fait des potes chiens dont un petit clebs tout poilu, qui
n’est pas connu de Béatrice la réceptionniste du camping, mais qui dès notre
arrivée ne nous lâche pas et ne quitte pas Ulysse d’une patte ! Si nous
avons à craindre les cobras, nous n’avons pas de soucis à nous faire des
voleurs qui voudraient s’aventurer dans le camping car pour la nuit, à quelques
dizaines de mètres de nous, un gardien armé d’un arc et de flèches veille sur
notre sommeil.
Il y a des
campings où nous sommes gênés par notre hauteur et d’autre par notre lourdeur
comme à Cuasarina camping à Ilha do Mozambique où nous sommes venus à la
rencontre d’Alain, de Véronique et de Mathilde,
des amis qui voyagent en bateau et qui doivent faire escale au
Mozambique. Nous faisons à peine quelques mètres dans le camping que Bagheera
se plante dans le sable et il faut nous y reprendre à deux fois avec les
plaques d’envol pour nous en extirper. Ce petit jeu se reproduit aussi au
moment d’en repartir le lendemain bien sur. Nous sommes sur le bord de la plage
mais nous ne sommes pas tentés de nous y baigner, c’est marée basse, la mer et
la plage sont plutôt les domaines des pêcheurs que des baigneurs. Ici, ce n’est
pas deux chiens qui ne lâchent pas Ulysse d’un poil (hérissé) mais une bande de
huit qui lui rôde autour dès qu’il met une patte en dehors du camion et cela se
finit souvent par une bataille de crocs avec quelques mâles.
Et puis il
existe aussi le camping où on se fait littéralement jeté. Nous arrivons à
Pemba, nous avons rendez vous samedi avec Cely qui est en déplacement dans les
districts environnants pour son boulot au ministère de l’Education Nationale,
et nous voulons trouver un camping pour l’attendre et passer au moins une soirée
avec elle.
La piste qui part de la route
nationale pour aller au Pemba Dive est longue et pentue. Arrivés au niveau de
la mer et du camp, nous croisons les pas d’une femme largement chapeautée à la
« cowboy », il y a également plusieurs chiens dans la propriété. Nous
demandons le prix mais la femme n’a pas le temps de nous répondre, Ulysse met
son museau à ma fenêtre et aboie sur un petit bâtard qui est au pied de notre camion. Aussitôt la
nana s’empare de son chien et le serrant bien fort contre elle, nous lâche
comme si elle venait de se retrouver nez à nez avec un diable noir : No
Dog, Sorry No Dog ! Je lui montre les autres chiens, mais elle me rétorque
que ce sont ses chiens et que c’est sa propriété, No Dog ! Brenda comme
s’appelle cette propriétaire Sud africaine est réputée dans les parages pour
être un peu barjot et le Petit Futé d’il y a dix ans la présente comme un peu
mystique et se passionnant pour le magnétisme et les herbes médicinales mais on
se demande ce qu’elle fume ! On se casse sans lui dire au revoir !
Le camping
du bout du monde existe également, il est tellement éloigné de tout qu’on croit
ne jamais y arriver. Nous faisons de longs kilomètres sur une étroite piste
sableuse et cahoteuse qui ne nous permet pas de dépasser les
Nous ne restons qu’une nuit
mais avant d’en repartir, nous ne résistons pas à nous baigner dans cet océan
Indien que nous allons quitter pour un moment.
Tourisme : Nous n’avons plus de
contacts Internet avec Alain et Véronique, c’est Fred qui de chez lui fait
l’intermédiaire mais nous ne savons pas à quel moment précis ils arriveront à
Ilha do Mozambique avec leur voilier Malamok, ils sont en provenance de
Mayotte. Nous venons voir si à tout hasard, ils sont au mouillage car depuis
notre camping nous avons aperçus 4 mâts de voiliers à l’ancre dans la baie de l’île.
Comme du coup, nous n’avons
pas pu emprunter le pont qui relie le continent à Ilha do Mozambique avec Bagheera
car le pont n’est autorisé que pour les véhicules ne dépassant pas 2,5 tonnes,
nous laissons Ulysse dans le camion et nous effectuons ce passage de trois kilomètres
à pied. Nous arrivons par la ville des paillottes, quartier très populaire et
surpeuplé qui parfois se trouve à
Nous avons beau scruter le
mouillage et essayer de repérer Malamok. A voir les bateaux, il est certain que
nos amis ne sont pas encore arrivés et peut être même qu’ils ne sont pas encore
partis de Mayotte.
Pour regagner le pont, nous
suivons la route qui borde l’océan Indien, la grande plage proche de l’église
catholique nous semble de loin être superbe, mais en nous y rapprochant nous ne
découvrons que saletés et détritus. Les enfants réclament des
« dineros » et veulent poser pour la photo en espérant se faire
payer.
Pour le retour au camping,
nous prenons un chapa, nous en avons plein les jambes, les déambulations dans
l’ile et la chaleur ont eu raison de
notre courage de marcheurs à pied.
Nous sommes le 5 novembre et Fred par un SMS,
nous apprend qu’il a reçu un mail des amis qui annoncent leur départ de Mayotte
le 10. Désolé, nous ne pouvons pas attendre, le rendez-vous est loupé.
Bivouacs : les bivouacs sont
toujours de coups de chance car dans aucun guide, les petits coins que nous
dénichons ne sont indiqués.
A une dizaine de kilomètres
avant Pemba, nous bifurquons sur la piste qui mène vers Mécufi. Nous traversons
trois longs villages toujours autant peuplés de gamins rieurs et criards. Nous
sommes assez hauts en altitude par rapport à la mer dont nous apercevons les
eaux turquoise de temps en temps. Nous trouvons difficilement une piste pour
nous mener près de la plage, nous tombons tout d’abord pratiquement dans une cour
de ferme, nous persévérons et trouvons enfin un petit endroit isolé rien que
pour nous. Comme il faut s’y attendre, le terrain n’est pas du tout d’aplomb et Marc doit faire des trous dans le
sable pour caler nos pneus gauches et nous retrouver enfin à plat.
A marée basse c’est impossible
de se baigner mais à marée haute une barrière rocheuse casse la houle du large
et empêche les vagues de déferler sur la plage. Il y a très peu de profondeur,
inutile de vouloir faire quelques brasses. Nous restons couchés dans tout juste
Petits bobos de Bagheera : Pauvre
Bagheera, les pistes africaines le font souffrir. La réparation par soudage de
la tôle autour du pare-brise faite à Maputo n’est plus qu’un lointain souvenir,
les fissures deviennent de plus en plus importantes. Les pistes en tôles
ondulées n’ont jamais été, pour nous et notre brave véhicule des parties de
plaisir.
Avec les vibrations le pot
d’échappement a bougé et la sortie s’est trouvée à proximité du réservoir d’eau
qui a eu très chaud ! Tout comme le manche de notre raclette (à fumier)
qui nous sert bien pour nous désensabler et dont le manche a commencé à se
carboniser.
Les odeurs
et la fuite de gasoil que nous avons souvent nous turlupinent. Malgré un
démontage pour vérifier que le réservoir de secours intérieur n’est pas abimé
et le rajout de deux « serflex » supplémentaires (il y en a déjà 2)
sur le tuyau flexible de raccordement au réservoir principal, il y a toujours
des fuites et des odeurs dans le camion dès que nous mettons plus de vingt
litres de carburant dans la réserve. Marc fait quelques trous dans le coffre
pour évacuer le Gasoil à l’extérieur et
non pas dans le véhicule si cela se reproduit. Heureusement que les stations
services sont nombreuses dans le pays et que nous pouvons nous ravitailler
souvent pour éviter tout débordement. Nous n’avons plus que
Nous avons
aussi des soucis avec notre pneu avant droit dont la gomme s’use comme peau de
chagrin au soleil. Nous ne savons pas si cela est du à un problème de
parallélisme ou à un mauvais rechapage fait à Maputo, toujours est il que le
pneu lisse perd du service et se retrouve en roue de secours à l’arrière du
camion.
Alors que
nous sommes sur la piste entre Macomia et Palma, l’indicateur de température monte
souvent à plus de 80°. Lors de notre pause pique nique, Marc remarque que les
pales d’un ventilo sont sorties de l’ axe. Il est obligé pour réparer d’enlever
les grilles de protection et de sortir le ventilateur. Le « circlip »
(récupéré au Gabon) a sauté. Il refait une rainure à la lame de scie et remet
un nouveau circlip avant de tout remonter et de reprendre la route (pas le
temps d’une sieste)
Vie quotidienne : Nos jours se
calquent sur les longs kilomètres de routes et de pistes, la traversée des
villes ou des villages. Nous faisons dès que nous le pouvons de petits
ravitaillements dans les supermarchés pour tenir à peu près à jour notre stock
de départ. Il n’y a pas toujours des SHOPRITE dans les villes, et dans les
villages nous ne trouvons que de petits étals où nous achetons bananes, mangues
(c’est la saison) quelques tomates et concombres. Dans les petites boutiques,
la plupart tenues par des indiens aux pouvoirs très puissant comme Ousman Yacob
qui est certainement le plus riche commerçant de Pemba, nous trouvons ce qui
pour nous est l’essentiel : conserves de légumes verts, lait, jus de fruits,
pâtes etc. Grace à notre petit réfrigérateur qui a de nombreuses heures de
marche nous pouvons bien conserver le beurre et les yaourts si possible de
marque Parmalat (nous avons par précaution un stock important de yaourts longue
conservation achetés à Maputo Shoping) et la confiture, car souvenez vous nous
sommes des adeptes d’un bon petit déjeuner complet. C’est plutôt du côté gaz
que nous avons des soucis à nous faire car à Maputo nous n’avons pas pus faire
recharger nos bouteilles de Camping Gaz. Nous avons été obligés d’acheter du
nouveau matériel au grand GAME (magasin de style confondu de Casto, Confo et
Auchan) Marc a pu alors faire remplir cette nouvelle bouteille avec du gaz et
par un adroit bricolage envoyer un peu de gaz dans nos vieilles bouteilles
bleues. Mais nous devons être économes, du coup, le pain grillé du matin est
banni, nous mangeons de plus en plus de crudités et de plats froids et dès que
je peux je cuisine au charbon de bois à l’extérieur, surtout pour faire griller
du poulet ou de la viande rouge que nous achetons toujours congelé mais aussi
pour faire cuire des patates.
Nous
n’avons aucun mal à nous approvisionner en bière car quand il n’y a pas de
SHOPRITE, il y a de nombreux BOTTLE STORE (boutiques qui ne vendent que de la
boisson et des alcools) dans les villes moyennes.
Pour le
gasoil, pas encore de problèmes car il y a suffisamment de stations service et
de nombreuses marques, surtout des Petromoc et des Exito, en construction dans
le nord du pays. Nous essayons au maximum d’aller chez Total ne serait ce que
pour augmenter le chiffre d’affaire de la société où travaille Fred ! Nous
en profitons également à chaque arrêt à la pompe pour faire remplir notre
jerrican d’eau douce que nous transvasons dans nos réservoirs. Nous ajoutons un
peu d’eau de javel et filtrons l’eau quand nous voulons la boire, sinon, elle
ne sert qu’à la toilette et la cuisine.
Les Cybers
café ne courent pas les rues et ce n’est qu’à Pemba que nous en avons repéré un
très bien et que nous avons pu nous connecter. Les banques ne sont pas avares
de billets (tant qu’on en a sur le compte), les Standart Banks ont toutes des
distributeurs d’argents liquides où l’on peut retirer jusqu’à 9900 MTS mais les banques Millénium,
certainement les plus répandues limitent les retraits à 3000, ce qui augmente
le cout du metical qui est descendu à 30 pour 1€. Les liaisons téléphoniques
sont aisées dans le sud du pays mais les régions du nord sont nettement moins
bien desservies par MCel ou Vodacom, nous devons attendre d’être proche d’une
ville pour téléphoner ou écrire des SMS.
Contrôles : c’est toujours
maintenant avec un peu d’appréhension que nous nous arrêtons aux contrôles
routiers. Dès que nous apercevons au loin une chemise blanche ou bleu se mettre
au milieu de la route et nous faire signe de stopper, nous sommes dans nos
petits sabots et nous lâchons des : Merde c’est encore pour nous !
Au
carrefour de Diaca et de Mocimboa da Praia, un militaire demande les papiers du
véhicule et nos passeports (ça c’est rare) il a bien du mal à trouver les bons
visas. Il demande à visiter le camion et je cache rapidement sous une serviette
éponge notre petit stock de bière qui trône sous la table bien en évidence. Il
a l’œil furtif, ne dit rien et ressort sans un mot en nous laissant partir.
Avant
Nacomia, nous gagnons le cocotier, à quelques kilomètres de distance nous avons
deux contrôles pour le prix d’un. Pour le premier ils se mettent à deux, un
flic et un militaire qui lui ne veut visiter que le camion. Ulysse, ne lui fait
pas peur, mais il ne rentre pas. Il me demande si nous avons de la viande à
déclarer, je lui réponds par la négative. Il y a bien quelques restes de
poulets et de saucisses dans le frigo mais ça il n’est pas obligé de le savoir.
Par contre, la capulana que j’ai installé sur les canettes de bières s’est
déplacée et le jeune homme les voit. Il en réclame mais je réussi à lui faire
comprendre que je ne peux en donner à tout le monde. Le flic lui, a le Carnet
De Passage en Douane entre les mains et il remarque que la date de validité est
dépassée. Nous lui expliquons dans un « portugo-français » notre
voyage et que nous attendons notre sortie du territoire mozambicain pour finir
celui qu’il tient et mettre en service le nouveau à notre entrée au Malawi, et qui
est daté jusqu’en Août 2009. Les
explications embrouillées semble lui convenir mais nous sommes quitte quand
même de trois bières, pas fraiches ! Ils partagerons, ils sont 5.
Au second
contrôle, le flic veut la licence (le permis de conduire) en prétextant qu’on
nous l’a volé, Marc fournit toujours une copie de son permis international
depuis l’aventure du Gabon mais cela ne plait pas au flic qui ne voit nulle
part écrit que c’est bien un permis international. Il a raison, nous n’avons
photocopié que le verso. Il nous menace d’une amende, je sors rapidement l’original de mon permis international en lui
faisant remarquer que ce sont bien les mêmes imprimés. Il nous laisse lui aussi
partir ! Ouf ! Encore un de passé.
Rencontre : il y a des jours ou
le hasard fait bien les choses. Nous sommes à Pemba, nous avons rendez vous
avec Cély dans l’après midi, elle a terminée ses déplacements dans le nord et
repart à Maputo le lendemain par avion. Nous sommes dans le petit supermarché
du fameux Ousman Yacob. Une jeune femme blonde nous aborde en nous demandant si
le camion jaune qui est dehors est à nous. Elle est danoise, parle un anglais
et un portugais trop rapide pour que je puisse vraiment saisir ce qu’elle nous
dit. Nous lui racontons nos déboires à cause du chien au campement de Brenda la
folle et essayons de savoir si elle connaît l’autre camping indiqué sur le
Petit Futé, celui de Russel. Elle nous fait comprendre que là aussi nous ne
pourrons pas aller à cause d’Ulysse mais devant notre désarroi pour trouver un
endroit pour la nuit, elle téléphone à des amis à elle : Georges et
Emmanuelle qui sont français !
A midi, nous avons rendez vous
avec Emmanuelle sur la terrasse d’une « pastéléria » (où on ne sert
pas de bière, mais Marc peut siroter tranquillement une du camion s’il cache la
canette avec une serviette en papier) Emmanuelle nous retrouve sans problème
(il y a quand même beaucoup de blancs dans cette ville) elle est hyper
énergique et nous explique en quelques mots comment elle et son mari sont arrivés
jusqu’ici. Ils étaient tous les deux guides en Namibie, leur travail faisait
que parfois ils se croisaient, ils ont donc décidés de « fuir »
Si vous passez un jour par
Pemba, n’hésitez pas à contacter Emmanuelle et Georges qui parfois se sentent
un peu isolés et sont heureux de pouvoir rencontrer des compatriotes
baroudeurs.
Route : la route entre Nacala
et Pemba est un bon goudron, par contre à partir de Nacomia, en allant toujours
vers le nord du pays, le bitume se change en piste tôlée et portions de goudron
en mauvais état jusqu’à Caia. C’est de nouveau un beau ruban noir jusqu’à
Mocimboa da Praia. Pour rejoindre Palma, la large piste de terre suit les
rondeurs du paysage. Ce ne sont que longues montées et abruptes descentes à
travers des forêts calcinées ou des plaines fertiles et rizières. Il y a du
monde à travailler dans les champs, la plupart du temps ce sont des femmes qui
bêchent le sol. Pendant que les mamans travaillent avec courage sous un soleil
de plomb, les jeunes enfants restent à l’ombre des arbres et s’occupent comme
ils peuvent. Après leur dur labeur, elles repartiront vers leurs cases et leurs
travaux domestiques en faisant de pénibles kilomètres à pied, les plus grands
marmots à leurs pieds et les plus petits dans le dos sans oublier les fagots de
bois ou les bassines sur la tête.
Palma est
la dernière ville avant la frontière tanzanienne. Elle se divise en deux, la
partie haute administrative et la ville basse qui s’étend langoureusement
jusqu’à la mer et le petit marché coloré par une multitude de tissus et
fringues chatoyants, de séries de faitouts en acier émaillé aux motifs floraux,
de seaux et de bassines en plastiques de couleurs vives.
Après Palma
la piste se rétrécie, les ornières dans le sable se font de plus en plus
profondes et pas au même niveau si bien que Bagheera pour passer les obstacles
saute inévitablement en se tordant. Dans le camion, ce n’est que vacarme et
fracas, le pare brise baille de plus en plus dangereusement. A l’allure d’une
tortue, nous arrivons sur les rives du rio Rovuma, en face de nous se dessinent
les côtes tanzaniennes. Nous avions crus comprendre qu’à cet endroit un pont
était en construction, que du côté Tanzanie les travaux étaient terminés mais
pas du côté mozambicain. Vu l’état de la piste pour venir jusqu’ici, nous
étions un peu sceptiques sur le projet et nous voilà fixé, il n’y a rien. Le
pont semble se trouver plutôt à Negomane beaucoup plus à l’ouest. Ce qui paraît
plus plausible car vu la largeur de l’estuaire il faudrait faire un ouvrage
presque aussi long que celui qui est en construction pour franchir le fleuve
Zambèze. Les piroguiers pensent que nous voulons quand même franchir la
frontière et ils sont prêts à assembler trois pirogues avec des troncs d’arbres
pour nous transporter de l’autre côté du rio en contournant les nombreux bancs
de sable. Sont fous ces mozambicains !
Sur la
route du retour, car c’est un cul de sac, nous nous engageons dans une autre
piste étroite et sableuse pour aller au Farol Cabo Delgado (phare) les
branches basses des anacardiers raclent sur le toit risquant d’abimer les
panneaux solaires et de détériorer les deux jerricans de gasoil. D’ailleurs un des deux fuit et nous avons des traces
suspectes le long de notre carrosserie. En voulant prendre une contre piste car
le sable devient de plus en plus mou, le moteur cale et ne veut plus démarrer.
C’est la guigne, nous sommes loin de tout et s’il faut attendre quelques bonnes
âmes pour pousser le véhicule, nous sommes là pour quelques jours ! Nous
avons du faire cinq kilomètres depuis le carrefour et il en reste peut être
autant pour atteindre le phare. Comme nous sommes coincés, nous déjeunons
rapidement mais pas de gaité de cœur, puis Marc donne à tout hasard un tour de
clé et Bagheera redémarre. Nous en avons assez de la galère pour aujourd’hui,
nous rebroussons chemin sans avoir vu à quoi ressemblait el Farol Cabo Delgado.
Vendredi 14
novembre, nous sommes sur la route qui nous ramène vers Nampula, la fin de la
journée arrive, le soleil décline à travers les arbres et pas moyen de trouver
un bivouac. La chance nous tend de nouveau les bras, un petit chemin s’enfonce
dans la forêt, un petit panneau indique une école à
Bisousdenousàvous,
Eve, Marc et Ulysse.