Bagheerafrica

Baobab n° 28 La Namibie 1/3

Le Baobab N° 28 (Namibie)

 

 

 

 

Lundi 4 février : il nous reste quelques kwansas en poche, cela tombe bien, juste avant le poste frontière il y a un petit marché mais les vendeuses n’ont aucune petite monnaie, elles préfèrent les dollars namibiens aux kwanzas. Nous parvenons tout de même à acheter une pleine bassine de tomates et cinq petits pains un peu sucrés (au prix fort bien sur)

 

Du côté angolais les formalités au poste frontalier se passent sans aucun soucis et rapidement. Côté namibien, tout commence bien, les fonctionnaires au service immigration remplissent eux même nos fiches, sûrement pour aller plus vite, nous avons juste à apposer nos signatures. Nous payons la taxe de route de 50 $Namibe et le Carnet De Passage en Douane est vite tamponné, nous croyons nous en tirer à si bon compte mais non, les policiers se mettent en œuvre pour trouver le numéro du moteur. Ils ont beau nettoyer, chercher dans les recoins avec leur petit miroir à long manche, se coucher sous le camion, se contorsionner, ils n’ont aucun accès. Ils veulent vérifier si le numéro inscrit sur le CDPD est identique à celui normalement gravé sur le moteur ! En fin de compte le numéro sur le Carnet est bidon, marc n’ayant eu accès à ce fameux numéro qu’à Saumur l’année dernière, bien après qu’il ait inscrit n’importe quoi sur le carnet ! Nous les laissons faire et attendons patiemment qu’ils se lassent car nous savons pertinemment qu’ils ne réussiront pas. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure qu’ils abandonnent et nous laissent finalement entrer en Namibie.

 

Tout compte fait nous ne sommes pas arrivés au poste frontière voulu, nous ne sommes pas à Ruacana mais à Omahénéné.

Dans la station service de Ruacana, nous pouvons retirer de l’argent liquide avec le terminal carte bancaire mais aujourd’hui les cartes ne passent pas.

Nous filons vers les chutes de Ruacana et nous sommes très déçus par le spectacle qui nous attend, pas le moindre filet d’eau ne descend de la montagne alors qu’il y a des inondations importantes.

Finis les pistes bonjour le goudron. A Utapi, nous ne trouvons rien à acheter au supermarché peu achalandé. Par contre tout à côté, nous achetons directement nos bières au dépôt de boisson et près de la station Shell nous pouvons retirer de l’argent liquide avec notre carte visa à l’Autobank. (17° 30’ 222S - 14° 59’ 480E)

 

S’il n’y avait pas d’eau aux chutes de Ruacana, la région des plaines est inondée.

A Opuwo, ville étonnante par sa diversité d’ethnies, les Himbas et les Héréros en sont les principales. Chez la première, les femmes ont le corps et les cheveux enduits de terre ocre et portent des pagnes en cuir, chez la seconde elles sont revêtues de longues et amples robes à la mode victorienne.

Nous allons au camping Oreness (18° 03’618S - 13° 50’ 550 E) prix pour la nuit : 55 $ namibien par personne.

Ce campement est tenu par Jacky, un français qui va se lancer bientôt dans la vente de motos chinoise. Il nous recommande de faire attention à Ulysse car dans la région les namibiens sont grands amateurs de viande de chien !

Avec son supermarché à l’européenne, la ville nous procure ce que nous désirons en ravitaillement de base. Il y a également des distributeurs d’argent.

 

Mardi 5 février : La pluie nous suit maintenant. L’eau froide de la douche au camping est vraiment froide et cela donne du tonus dès le petit matin. Nous partons pour Epupa falls. La piste très bonne au début se gâte vite à cause des intempéries, les passages des radiers sont délicats à passer à cause du courant. Les violentes vibrations de la piste tôlée nous fait perdre notre pot d’échappement et notre silencieux que Marc remonte sous une chaleur de plomb, le thermomètre frise les 50°.

Dès que nous arrêtons, nous voyons sortir de brousse de fines silhouettes d’enfants et de jeunes filles non effarouchés qui accourent vers nous.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, quelques kilomètres plus loin, c’est la crevaison ! A cette allure de guignes, nous nous demandons si nous verrons les chutes d’Epupa falls aujourd’hui ?

Et bien si ! Nous y arrivons finalement et nous sommes encore bien dépités. Il y a beaucoup de vent et les cascades se résument à un seul mince filet d’eau. Ne voulant pas passer la nuit dans le coin car il y a trop de campements touristiques, nous rebroussons chemin et allons nous planquer pour la nuit aux fond d’une forêt, bien cachés de la piste. Mais il commence à pleuvoir dès le diner et la pluie dure pratiquement toute la nuit. A minuit, nous ne dormons plus, le terrain où nous sommes est assez meuble et pour ne pas risquer de rester enliser nous décidons de nous déplacer en pleine nuit et de retourner plus près de la route où le sol est plus dur. Le moteur de bagheera rugit dans la nuit calme, nous pensons aux habitants du village le plus proche qui doivent se demander ce qui se passe et quel est ce bruit nocturne étrange. Eve, à pied et muni d’une torche électrique et d’un parapluie repère le terrain. Nous ne savons plus par où nous sommes entrés, les branches de certains arbres sont trop basses, les phares donnent à la forêt des airs de bois hantés et maléfiques. De retour sur un sol plus ferme, nous pouvons alors de nouveau dormir sur nos deux oreilles.

 

Le lendemain matin, après notre petit déjeuner, un homme en haillon couvert d’une mince couverture s’installe à proximité de notre véhicule. Il s’assoie sur ses talons et attend sans nous regarder. Il doit sentir des odeurs de cuisine et apercevoir Eve qui s’affaire aux fourneaux. Non, ce n’est pas notre repas du midi qui se prépare mais la tambouille d’Ulysse. Ses pâtes mijotent dans le reste de sauce d’un ragout à la tomate et aux champignons. L’homme toujours impassible semble ne pas avoir chaud. Nous pensons bien à lui offrir une assiettée de pâtes mais ce sont des pâtes pour chien ! Sans trop d’enthousiasme, Eve goutte au repas d’Ulysse, ce n’est pas si mauvais que cela, et en lisant la composition des ingrédients sur le paquet, constate qu’il n’y a rien d’extraordinaire et que cela doit être mangeable pour un humain! (s’il ne sait pas ce qu’il mange) C’est décidé, elle amène au namibien, une pleine assiette de « ragout » fumant, un morceau de pain et un verre d’eau. Celui, se confond en remerciements, se rassoie sur son postérieur et « déguste » ce frugal repas ! Après s’être rassasié, l’homme repart aussi silencieusement qu’il est arrivé.

 

Nous reprenons la piste vers Opuwo puis Seisfontein. Dans la montagne, les orages éclatent, il pleut par intermittence mais violemment à chaque fois et le niveau des rivières monte très rapidement et fortement. Devant certains radiers boueux, les voitures les plus basses ne peuvent plus passer, elles sont contraintes d’attendre une baisse des eaux. Grace à nos hauts pneus et notre fort tonnage nous passons sans trop de problèmes faisant gaffe tout de même au courant de plus en plus violent.

A environ six kilomètres avant Sesfontein, un pont est en construction et le passage à gué qu’il faut emprunter est difficilement praticable. Le lit de la rivière est haut, il y a du courant, il semble y avoir des cailloux au fond et la remontée sur l’autre rive est abrupte. Il est 18 heures, nous capitulons et installons notre bivouac pas très loin des campements de fortune des ouvriers (19°07'912 S - 13°42'071 E)

Par ce temps mi orageux, mi ensoleillé, la montagne qui nous entoure prend au coucher du soleil des teintes ocrées superbes.

 

Jeudi 7 février : il a encore beaucoup plus pendant la nuit. En suivant un camion à travers la brousse, nous trouvons un passage à gué accessible et pas trop ardu. Le paysage de montagnes rocheuses que nous traversons pour aller à Puros est magnifique tout en étant aride, sauvage et lunaire. Une palette de couleur nous accompagne tout au long de notre parcours, la luminosité et les ombres jouent avec les ocres, les rouges, les bruns et les verts des différents panoramas. Il y a peu d’habitation et la nature reprend ses droits. Tiens, un singe se cache contre un rocher, oh là-bas une girafe et son girafon. Des petites gazelles sauteuses se confondent dans le paysage, heureusement qu’elles ont leur petits derrières et leurs ventres blancs ainsi qu’une longue rayure noire sur le dos. Un troupeau de gemsboks, genre d’antilope grise, noire et blanche aux longues cornes droites et effilées nous regardent stoïquement passer. Au passage d’une vallée, la piste caillouteuse devient sablonneuse et d’un ocre oranger et lumineux qui contraste avec le noir des montagnes.

A Puros, la piste est coupée au passage de la large rivière boueuse. Notre route s’arrête là. Nous longeons le cours d’eau essayant d’apercevoir des éléphants mais nous ne trouvons que bouses sèches prouvant leur présence. Nous pensons que les pachydermes se trouvent de l’autre côté de la rive. Notre ténacité est quand même récompensée, nous tombons presque nez à nez (où nez à cou !) avec des girafes que nous pouvons approcher à pied à moins de 50 mètres, spectacle inouï et merveilleux. Ulysse découvre pour la première fois ces gigantesques animaux et se permet même une course poursuite à travers les hauts épineux mais la girafe majestueuse dans sa chevauchée est bien plus rapide que lui. Il n’est pas plus doué qu’avec les lézards et les cafards.

En fin de journée, le compteur du camion indique 200 kms, Marc a les bras flagada ! Nous nous éloignons facilement de la piste juste avant Seisfontein pour trouver notre bivouac de nuit (19°06'158 S - 13°33'768 E)

 

Vendredi 8 février : le temps de la nuit a été clément, il n’a pas plus. Les montagnes en allant a Katmandja sont dans les nuages, nous sommes à plus de 1540 mètres d’altitude. Nous avons encore le bonheur de voir de nombreux troupeaux de girafes et des singes qui à notre approche se carapatent dans les fourrés.

 

Au passage d’un gué provisoire, car le gué principal est en travaux, sept voitures de touristes sud africains attendent. Une voiture a calé au milieu de la rivière dont le niveau n’autorise que peu de véhicule à s’y aventurer.

Pour dégager la voiture coincée dans les remous boueux les Sud-Af ont recours au tractage avec une longue corde depuis une voiture rendu sur l’autre berge. Les chauffeurs et conducteurs tâtent à pied le passage le plus adéquat et le reste du convoi passent sans trop de soucis. Les 4X4 projettent des gerbes d’eau marron au delà de leur pare-brise. Notre passage un peu plus facile n’en est pas pour le moins un peu crispant. Notre arrivée sur la berge d’en face déclenche applaudissements.

 

Le mauvais temps qui sévit rend l’extérieur de Bagheera dans un état pitoyable. L’intérieur n’est pas épargné, il pleut par le plafonnier du coin toilette, les secousses sont définitivement venues à bout de la fixation de la table du carré, certaines portes de placards se ferment très mal et claquent sans arrêt.

La route vers Outjo est goudronnée et droite. De chaque côté, toutes les propriétés sont clôturées et il nous devient très difficile de trouver un bivouac pour la nuit. Nous stationnons finalement sur le bas côté d’un chemin détrempé.

 

Le jour suivant amène grisaille, froid (17°) et crachin breton! Outjo est une petite ville agréable et proprette. Nous trouvons plusieurs superettes, des stations services et un guichet de retrait bancaire.

 

L’entrée d’Etosha Parc est à plus de 120 kilomètres au nord. Nous y allons en éclaireurs pour connaître les prix et les heures d’ouvertures. Nous ne nous garons pas trop près du poste et l’un de nous reste dans le véhicule pour surveiller Ulysse qui depuis quelques temps aboie lorsque nous nous éloignons tous les deux du camion. Nous prenons toutes ces précautions car nous allons demain entrer dans une réserve naturelle avec notre chien, ce qui est formellement interdit !

Nous retournons sur nos pas et essayons de nous planquer au mieux dans une grande carrière car nous ne pouvons pas aller (à cause du chien) dans le campement du parc ni dans les autres à proximité.

Nous sommes très bien installés et pratiquement invisible de la route (19°26'496 S - 15°54'699 E)

Nous passons le reste de la journée au calme et marc profite de l’après midi pour réparer notre pneu crevé, notre chambre à air est complètement explosée, heureusement il en a une neuve de rechange.

 

A demain pour la visite du Parc National.

 

 

Eve, Marc et Ulysse.



20/10/2008
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