Bagheerafrica

Baobab n°09 Le Burkina Faso - 3/4

Le Baobab N° 09 (Burkina Faso)

 

 

            Vendredi 19 octobre 2007. Cela fait un tout petit peu plus d'un mois que nous avons quitté la maison !

           

            Nous voici aujourd'hui sur une piste tellement gâtée qu'il nous faut une heure pour faire les 17 kilomètres qui nous séparent du goudron et de la route qui mène à Ouagadougou. Nous bivouaquons pour la nuit dans la brousse de Boromo (11° 44'44N / 02° 52'24W) pas très loin de l'endroit où nous avons vécu notre face à face nocturne avec un troupeau d'éléphant au mois de février dernier. Il fait très chaud et les quelques gouttelettes d'eau qui osent tomber d'un nuage tout juste « grisonnet » ne rafraîchissent guère l'atmosphère.

 

            Ulysse se fait squatter par une horde de tiques qui lui sucent le sang. Nous passons un long moment à l'inspecter sous toutes les coutures (ce qui ne lui déplait pas) et les lui retirer avec la pince à épiler.

 

            Dans la série des petits soucis qui énervent il y a les électrovannes des deux feux de la gazinière qui fonctionnent toujours aussi mal, à vrai dire plus du tout et cuisiner en étant obligé de rester les doigts appuyer sur les boutons ça agace, d'autant plus que les degrés Celsius ne cessent de grimper au thermomètre. Dans le camion, c'est un calvaire et l'enfer car nous avons de nombreuses moucheries irritantes et probablement des moustiques vicieux. Nous installons les moustiquaires mais cela coupe un peu la circulation d'air, Eve est un brin en rogne, mais l'heure du pastis glacé vient à point pour calmer le jeu !

 

            Le lendemain, c'est un plaisir de se réveiller dans le calme de la brousse et nous sommes prêts à affronter les 30 kilomètres (mi bonnes – mi gâtées) qui nous séparent de Koudougou et celle d'environ 15 kilomètres pour rejoindre Réo.

 

            Nous nous arrêtons à l'orphelinat Case d'Accueil de Réo (12° 18' 306N / 02° 27' 173W) pour y déposer plusieurs sacs de peluches données gentiment par Andréline et Paula, les deux filles de notre amie Chris.

           

            En attendant que Françoise « la blanche » responsable de l'orphelinat ne revienne, nous retournons chez Okolo (toujours à Réo) pour y déguster la spécialité du village : le porc au four. (12° 19' 068N / 02° 28' 041W) Eve demande le prix avant de commander, le jeune garçon installé derrière le cochon rôti alléchant et en partie débité, nous annonce 2500 F/CFA par personne !cela nous interpelle, nous sommes pratiquement persuadé que la fois dernière (il n'y a pas si longtemps que cela, car c'était cette année même) nous n'avions pas payé ce prix. C'est sans compter sans les archives de Marc qui retrouve dans ses cahiers que nous avions payé 1000 F/CFA par personne (1,52 euros)! Les cuisiniers ne rechignent pas et alignent leur prix avec un petit sourire aux lèvres ! Nous nous installons dans le patio ombragé et savourons avec les doigts les morceaux de porc délicieux, accompagnés de poudre pimentée et de notre pécher mignon, la bière glacée. (500 F/CFA = environ 0,76 euros les 65 cl)

 

            Nos estomacs repus, nous retournons à l'orphelinat rencontrer Françoise, ancienne infirmière à la retraite, qui nous fait les honneurs de son établissement et nous vante les mérites de sa petite production de Moringa, l'arbre aux vertus, ou bien encore, l'arbre qui donne la vie, l'arbre du paradis, l'arbre qui allaite, l'arbre miracle.

            Ses feuilles, ses graines, ses fleurs et ses racines peuvent être utilisés comme compléments alimentaires contre la malnutrition et toutes sortes de maladies allant de l'hypertension aux rhumatismes, à l'asthme, à la goutte, au diabète, à la dysenterie etc., etc.

 

            A l'orphelinat, il y a aujourd'hui une vingtaine d'enfants de 4 mois à deux ans. Certains d'entre eux seront adoptés par des européens mais l'objectif principal est de restituer les enfants dans un environnement familial ou à défaut de les placer dans des familles d'accueil burkinabés (avec possibilités de parrainage)

            Une hygiène stricte règne dans l'orphelinat, les chaussures sont proscrites et nous devons nous laver les mains avant d'entrer sous le préau, les chambres et de toucher aux enfants qui sont tous plus adorables les uns que les autres et pas du tout farouches.

Nous arrivons eu moment du réveil de la sieste et nous faisons faire, à quelques grands, leur promenade quotidienne avant de quitter les lieux.

 

            Nous avons du mal à trouver un bivouac isolé le long de la route nationale. Nous nous retrouvons sur le chemin d'un village ce qui nous vaut encore des visiteurs.

 

            Dimanche 21 octobre. Dès notre réveil et avant même notre levé, quelques femmes et gamins curieux mais discrets et distants se postent à quelques mètres du camion.

           

            Nous faisons route vers Ouagadougou et le parking ombragé d'eucalyptus de l'hôtel OK-INN (12° 20' 116N / 01° 30' 827W)

            Le stationnement pour les « gens du voyage » est gratuit, il nous est simplement demandé en contrepartie, de consommer si possible au bar ou de manger au restaurant (les plats proposés n'ont rien d'exotiques, mais la cuisine est bonne, les produits de bonne qualité et le prix par plat environ 7 euros) A ce prix, nous bénéficions de l'eau douce pour nos réservoirs et faire de la lessive à grande eau, de douches à volonté, des toilettes et de la PISCINE !

 

            Mais Eve ne peut pas en profiter autant que Marc car non seulement son premier bobo ne s'arrange pas mais deux boutons de moustiques rageusement grattés s'infectent également. Ce n'est plus rigolo, le pied très douloureux est extrêmement  gonflé et ne peut plus entrer dans la tong, il faut passer aux soins « semi-intensifs » et appliquer de la crème antibiotique. Le lendemain, il faut même recourir au perçage des abcès de pus et se priver de piscine.

 

            Le lundi est consacré principalement à la recherche d'un mécanicien capable de nous bidouiller une pièce sur le flexible de direction assistée. Grâce à Olivier 21 ans, un jeune étudiant en mécanique curieux de notre véhicule (l'école est à proximité de l'hôtel), ainsi qu'à son professeur, nous obtenons l'adresse de monsieur Traoré, entreprise AMDI mais remontée par Marc, la pièce bricolée sérieusement à l'africaine laisse toujours passer de l'huile et ne nous rendra pas notre direction assistée, la fuite est ailleurs.

 

            Nous avons également besoin de trouver où se situe le consulat du Niger pour faire établir nos visas d'entrée. Nous avons une mauvaise adresse sur nos documents et nous ne pouvons nous rendre au bon endroit que sur les indications des chauffeurs de taxis. (1917 avenue Yennenga – 12° 21' 545N / 01° 31' 178W - le consulat du Sénégal se trouve à proximité)

            Nous sommes reçus courtoisement dans un bureau climatisé et par un employé débonnaire. Nous remplissons les formulaires, donnons nos photos et payons 61 euros pour nous deux. Nous restons sur le « cul » quand le fonctionnaire nous annonce de sa voix calme que nous aurons nos visas dans le meilleur des cas dans 72 heures ! Donc jeudi ! (Il paraît qu'il doit faxer les documents à Niamey)

Du coup, nous voilà coincer pour quelques jours à l'hôtel OK-INN.

 

            Il fait très chaud à Ouagadougou, la saison des pluies n'est pas encore réellement terminée, la pluie fait son apparition de temps en temps pour nous permettre de reprendre un peu notre souffle, la tiédeur ne vient que tard dans la soirée. Alors qu'une relative fraîcheur peut nous aider à nous endormir, la musique de la boite de nuit la plus proche, les allers et venues des camions garés sur le terre plein de la chambre de commerce et les appels à la prière des muezzins relayés par haut-parleurs, nous empêchent de sombrer rapidement dans les bras de morphée.

 

            Pendant notre séjour à Ouaga, Ulysse subit une véritable invasion de tiques. Tous les soirs, nous lui en enlevons plus d'une vingtaine, certaines parfois plus grosses qu'un gros pépin de pastèque (quand on y pense, c'est à vous dégoûter de manger de ce fruits délicieux) Il y perd au passage quelques touffes de poils.

 

            Comme nous restons momentanément sédentaires, nous installons le panneau solaire amovible qui nous permet de garder en marche le frigo pendant la journée mais la nuit, nous sommes encore obligés de l'arrêter.

 

            Nous profitons également de l'hôtel pour nous connecter au réseau internet. Cela fonctionne très bien et très rapidement mais le prix est dix fois plus cher que dans les petits cybercafé de la ville : 3000F/CFA pour une heure. Il est vrai que parfois pour 300 F/CFA il nous est pratiquement impossible de faire quoi que ce soit tellement les connections sont hyper lentes. Les photos même comprimées mettent un temps infini à passer quand elles passent.

 

            L'hôtel est en effervescence, les organisateurs du tour cycliste du Faso s'installent. Sur le parking, c'est un ballet permanent de propriétaires de Mercedes et autres voitures luxueuses que les conducteurs bichonnent espérant décrocher des contrats pour devenir le temps du tour, chauffeurs officiels.

 

            L'une de nos escapades en ville avec Bagheera a failli nous coûter un peu chère. Sortant du parking d'une banque, Marc grille un des feux rouges (très mal signalé, à nos yeux) installé on ne sait pourquoi à l'un des embranchements d'un grand rond-point.

            La faute a été remarquée par un des flics en faction et bien sûr il ne manque pas de nous arrêter pour nous signaler notre méfait. L'amende devrait s'élever à 24 000 F/CFA soit environ 36 euros. Mais nous ne bronchons pas ni ne négocions et ne nions aucunement les faits. Le flic voit alors sa commission lui filer sous le nez, si bien qu'il nous propose (comme nous sommes étrangers au pays et que nous sommes français) de diminuer l'amende pour nous éviter de passer par les bureaux de la police. Il divise le prix  par deux, bien entendu si nous traitons directement avec lui de la main à la main !

            Bakchich, vous avez dit bakchich ? Nous acceptons (à notre grand déshonneur mais pour le bien de notre porte monnaie) à participer au maintien de la corruption de fonctionnaires.

            Eve s'apprête à tendre le plus naturellement du monde le billet de 10 000 F/CFA par la vitre (nous n'avons pas 2000 de monnaie) mais le flic regarde autour de lui avec un peu d'angoisse et demande doucement de glisser le « billet doux » parmi les documents du camion et de les lui remettre. Tout en faisant du zèle en feuilletant les papiers (alors qu'il en a rien à cirer) et en arborant un grand sourire faisant croire à une simple discussion entre gens honnêtes, il fait disparaître  l'argent dans sa paume. Ni vu, ni connu !

            Enfin presque, car cette pratique est monnaie courante dans beaucoup de pays africains et les passants, les autres conducteurs et sûrement le supérieur du flic ne sont pas dupes du jeu qui se trame.

            Il est sûr maintenant que nous allons être plus vigilant ! 10 000 F/CFA ça fait beaucoup de bière !

 

            Côté santé pour Eve, la crème antibiotique fait son effet réparateur assez vite, le pied redevient tout à fait normal et les plaies ne sont quasiment plus infectées. Elle peut tout de même, avant de quitter Ouagadougou et l'hôtel, profiter un peu de la piscine et faire quelques longueurs de brasse bienfaisantes.

 

            Nos visas ne sont toujours pas prêts le jeudi après-midi, ce n'est que le lendemain en fin de journée que nous récupérons nos passeports.

           

            En vue de notre départ proche nous faisons un ravitaillement au Marina Market (situé sur la même avenue que l'hôtel) mais il n'y a plus de sacs de croquettes pour chiens. Ulysse ne manque pas de nourriture mais comme nous achetons peu de viande dans les boucheries de bord de routes, il a moins de restes. La grosse chaleur depuis la Mauritanie ne nous encourage pas à manger de la viande et la saleté et le manque d'hygiène entourant les étals nous y incite encore moins. Devant notre « désarroi » une caissière du supermarché nous indique qu'au Niger à Maradi, la chaîne de magasin est implantée.

 

            Le lendemain, samedi 27 octobre, nous levons le camp, nous allons de nouveau retrouver les pistes en latérite, les suées, la poussière, le désert du Sahel et l'école de Beiga.

 

 

Mille bisous à vous, Eve, Marc et Ulysse.

 

 

          



26/02/2008
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