Bagheerafrica

Baobab n°03 Le Maroc - 2/2

Le Baobab N° 03 (Maroc)

 

 

           

            Mardi 25 septembre 2007. Nous avons passé une bonne nuit. Les aboiements lointains des chiens, les appels à la prière et les vrombissements sourds des avions dans le ciel ne perturbent en rien nos sommeils.

 

            Dès le petit matin, nous apprécions l'ombre des pins et Ulysse en prévision de la grosse chaleur qui devrait sévir aujourd'hui se réfugie sous le camion graisseux. Nous ne quittons notre bivouac qu'après avoir déjeuné et sommes, comme nous l'avons prévu, en début d'après midi devant le consulat de Mauritanie, comme beaucoup d'autres personnes.

On nous fait poireauter un peu mais nos visas sont prêts. Ils ont fait des efforts !

 

            Nos passeports de nouveau en poche, nous quittons sans tarder Casablanca et roulons vers Marrakech où nous ne ferons pas escale cette fois.

 

            Nous avons encore de la chance, nous repérons un coin sympa pour y passer la nuit (32° 27' 12N / 07° 36' 825W) l'endroit aurait pu être presque idéal si pendant la nuit, toute une bande de chiens qu'Ulysse avait coursé, n'était revenu pour hurler et aboyer sous nos vitres et pisser sur nos roues ! Si cela nous a réveillé à plusieurs reprises, cela n'a perturbé en rien notre patachon de chien.

 

            Le lendemain, nous traversons rapidement le haut Atlas en passant par le col de Tizi à 2092 mètres. Côté nord, le paysage est aride et désertique, les petits villages semblent bien perdus dans cette immensité montagneuse. Nous remettons à niveau nos  réservoirs d'eau douce grâce à une cascade nommée « providence » pour nous, nous en oublions nos deux bouchons de réservoirs.

            Une pluie fine et un vent glacial nous accompagnent sur la route du sommet. Le côté sud est plus verdoyant et les villages sont moins isolés et plus nombreux.

Dans la vallée de Taroudant, nous essayons à l'aide de notre GPS de retrouver un ancien bivouac près d'un petit oued asséché que nous avions bien aimé l'an passé. Mais en voulant prendre un raccourci, nous nous paumons dans les dédales du petit village de Timdouine. Notre « gros camion jaune » ne passe pas inaperçu, nous lisons sur les visages des hommes et des jeunes garçons assis sur le pas des portes des maisonnettes autant de curiosité que d'étonnement.

 

            Le soleil décline lentement vers l'ouest et finalement nous nous arrêtons au milieu de grandes oliveraies. Nous nous apprêtons à savourer le calme d'une soirée tranquille mais notre nuit sera bercée au rythme d'une pompe en fonctionnement installée probablement à quelques centaines de mètres de nous.

 

            Jeudi, c'est reparti. Nous contournons très largement Agadir. Dans un village de bord de route, à la demande de Marc, Mohammed, mécanicien de son état, soude à l'équerre, le manche de la clé de 19 raccourcie. Ca le fait marrer ! Dans la petite boutique d'à côté, Eve déniche un plat à tajine en alu pour 35 dirhams (3,5 euros) c'est nettement moins lourd et moins fragile qu'un plat traditionnel en terre.

Tiznit, Bouizakarne, guilmin, Bagheera avale les kilomètres bitumés sous la chaleur.

 

            Arrivés à Tan-Tan, nous cherchons le fameux lieu de rassemblement des campings caristes. Nous n'avons aucun point GPS, ni aucun renseignement sur la localisation du terrain. Notre recherche s'avérant infructueuse, nous continuons notre chemin jusqu'à l'oued Chbika (28° 17' 49N / 11° 32'20W). Nous nous retrouvons aux abords de l'océan Atlantique avec pour seules voisines une bande de mouettes. Mais non ! Notre arrivée suscite la curiosité de quatre petits canaillous qui nous rabâchent sans cesse. « Bonjour, donnes moi un stylo ! Bonjour, donnes moi un bonbon ! Bonjour, donnes moi un stylo ! » Mais dès qu'Ulysse pointe le bout de sa truffe hors du camion, nos petits quémandeurs se replient illico presto hors d'atteinte du terrible chien. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'ils s'en retournent dans leurs familles installées on ne sait où !

Ulysse encore une fois, ne peut s'empêcher de patouiller et de se rouler dans la terre. Il est sale et il « fouette » le chien ! L'air ambiant est chargé d'humidité, ça promet de bons effluves dans le camion.

 

            Vendredi 28. Notre nuit a été sous le signe du clair de lune et du ressac de la mer. Dès que nous émergeons hors de Bagheera, nous ne pouvons que constater  qu'un épais brouillard nous enveloppe. Avant le départ et la route du jour un brin de nettoyage est indispensable pour le camion.

 

            Cette année, les contrôles routiers nous semblent moins strictes, on nous demande rarement nos fiches de renseignements (copies des passeports avec numéro d'immatriculation du véhicule, ainsi que la date d'entrée dans le pays et nos professions) alors que nous en avons tout un stock à distribuer.

 

            A Laayoune, nous prenons le temps de faire quelques emplettes dans la ville et d'acheter, fruits, légumes et viande. Comme dans nos souvenirs, les habitants et commerçants de cette ville située aux portes du Sahara occidental sont toujours autant accueillants et courtois. Nous profitons également de cette halte pour nous connecter à Internet dans un des nombreux cybercafé. Mais parfois avoir des nouvelles n'est pas toujours que du bonheur puisque ce jour, Eve apprend par courriel interposé, que sa grand-mère paternelle est décédée il y a tout juste une semaine. Adieu Mamie Alice.

 

            Nous savons encore une fois où nous pouvons passer la nuit sans nous prendre la tête, alors sans hésiter, nous nous dirigeons vers la plage «  Foum el oued » bien indiquée sur le bord de la grande route et assez loin à la sortie de la ville. Nous nous installons sur un petit parking (27° 11' 50N / 13° 23' 234W) la plage est encore une fois le grand terrain de jeu des amateurs du ballon rond et des pêcheurs. Nous faisons bien attention cette fois-ci, à ce qu'Ulysse se contente de courir comme un « dératé » sur le sable plutôt qu'à foncer comme un fou dans les vagues.

            La nuit est plutôt mouvementée, nous avons entre autre à faire à des chiens aboyeurs. Et alors que tout est calme, Eve est réveillée par un bruit sourd extérieur provenant de son côté. Elle se rappelle soudain avoir laissé l'étendoir à linge accroché à la plaque d'envol. Un regard rapide à l'extérieur par les vitres et elle constate qu'effectivement le sèche-linge n'est plus à sa place ! Quelle bêtise pour une fois d'avoir laissé du linge dehors. Bon, à part le petit séchoir pliant bien pratique, il n'y avait qu'une serviette de toilette, un gant et une serpillière, cela servira de leçon ! Mais le lendemain, le résultat définitif du vol, n'est que de la serpillière en moins, le séchoir est à moitié démantibulé mais toujours accroché par un de ses côtés à la plaque d'envol.

 

            Ce matin, c'est Eve qui prend enfin le volant. Les longues lignes droites ne nécessitent pas spécialement la direction assistée, ça repose Marco qui a toujours conduit depuis notre départ de France. Il y a peu de véhicules sur la route, le trajet devient vite monotone.

 

Faire la route plusieurs fois a au moins un avantage, celui d'avoir déjà repérer des bivouacs sympas et les petites dunes de Tagouirda en font partie. (23° 12' 337N / 16° 06' 309W) Le vent s'est encore chargé de modifier le paysage et ces dunes ne cessent de bouger, elles sont sur le point d'envahir le village de pêcheurs. L'année passée deux des supports moyenne tension de la ligne électrique étaient « noyé » dans le sable, aujourd'hui ils s'en retrouvent « libérés »

 

            Dimanche 30 septembre. Il nous faut, comme tous les autres jours entre une heure et une heure trente entre notre descente de lit et notre départ (à chaque levé de camps, il y a des vérifications mécaniques, du rangement et du ménage !)

 

            Nous avons trois heures de route désertique sans grand intérêt pour arriver à la frontière marocaine. L'ensemble des autorités n'est pas pressé et nous n'avons qu'une seule chose à faire, c'est de nous mettre à l'ombre en attendant que tous ces messieurs tamponnent, inscrivent, notent, vérifient, réinscrivent, revérifient,……

Le no man's land, zone désertique entre les deux frontières, recèle toujours autant de cimetières de voitures et camionnettes et d'agent de change pratiquant la plupart du temps des taux de change des dirhams ou euros en ouguiyas moins avantageux qu'en ville.

 

            Le poste frontière mauritanien s'est doté en partie de nouveaux et beaux bâtiments en durs, ainsi que d'équipements informatiques pour les policiers. Les douaniers et les gendarmes sont encore à « mariner » dans leurs bicoques en bois et tôles, réclamant à voix basses un ou deux stylos, du thé pour le ramadan et autres petits cadeaux que tout bons touristes devraient offrir aux autorités. Nous répétons encore et encore notre discours par lequel nous faisons un long voyage et comme on ne peut pas donner à tout le monde, on ne donne à personne. Avoir essayé, n'avoir pas pus !

            Connaissant les tarifs, Marc prend l'assurance du véhicule à la frontière par l'intermédiaire d'un agent d'Ally, l'homme influent de Nouadhibou qui tient le camping « la baie des lévriers » 4500 ouguiyas pour 20 jours et 500 UM pour l'intermédiaire. Il nous a donc fallu deux heures en tout pour effectuer les formalités aux deux frontières.

 

            La chaleur mauritanienne nous assomme littéralement. L'intérieur du camion n'est qu'une étuve, Ulysse une carpette brûlante et assoiffée et nous deux, des loques transpirantes, suantes et tout autant assoiffées que le chien.

 

            Nous avons bien mérité une petite bière bien fraîche, pas vous ?

 

 

Bisous, Eve, Marc et Ulysse.

 



19/02/2008
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