Bagheerafrica

Baobab n°30 La Namibie 3/3

Le Baobab N° 30 (Namibie)

 

 

Mercredi 13 février : A l’entrée du site des roches peintes, nous retrouvons Diégo et Patricia, le jeune couple italien rencontré au campement d’Aba Huan.

Sous le soleil, nous suivons un sentier quelque peu balisé dans le fond d’une vallée. Le paysage qui nous entoure est fabuleux, la Namibie recèle d’endroits spectaculaires et grandioses. Au bout de quelques kilomètres de bonne marche, et d’une suée, les dessins rupestres sur les roches sont encore bien visibles et décryptables. Les peintures datent de plus de 6000 ans et certaines sont très nettes. Un guide explique l’histoire de ces dessins à un petit groupe de touristes mais nous sommes encore un peu handicapés, car ses propos sont en Anglais !

 

Après cette visite en pleine montagne, nous prenons la direction de l’ouest et la côte atlantique de la Namibie. De chaque côté de la route des étendues plates recouvertes de cailloux s’étendent à perte de vue, avec la chaleur, nous croyons voir la mer devant nous mais nous en sommes encore loin, ce ne sont que des mirages.

Au Cap Cross, le soleil a disparu dans la brume maritime. Nous entrons dans le parc, après avoir payé un droit d’entrer, pour rendre visite à une très impressionnante colonie d’otaries. Il est impossible de les louper, elles sont là par milliers à se prélasser sur les rochers ou à batifoler dans les eaux turbulentes de l’océan. Les otaries ne sont pas avares de craillements et sont apparemment adeptes de la bagarre, les coups de dents et de nageoires sont coutumiers. L’odeur qui se dégage de cette faune est forte voire entêtante mais le spectacle est tellement envoutant qu’on l’oublie peu à peu. Les otaries sont toutes entassés les unes contre les autres, certains petits jouent entre eux tandis que les autres tètent leur maman avec bon appétit.

Nous repartons vers le sud, nous ramassons un peu de sel pour la cuisine, il y en a des tonnes même sous forme de cristaux assez artistique.

 

Nous suivons le bord de l’océan en direction de Swakopmund, la plage est immense et  nous ne voyons même pas la mer. Nous apercevons au loin des voitures, il doit donc y avoir un moyen d’aller au plus près de l’eau. Certaines pistes sont indiquées et conseillées pour les 4X4. Bagheera est un 4X4, alors allons y. les voitures qui sont stationnés sont celles de pêcheurs à la ligne installés sur la plage. A la tombée de la nuit tout le monde décampe, nous, nous campons (21°56'576 S - 14°07'742 E). Le temps est poisseux, le vent lève de gros rouleaux sur la plage déserte, il fait un peu frisquette, cela nous change des grosses chaleurs de la montagne.

 

Le lendemain, c’est toujours aussi gris, mais le vent est tombé, nous avons dormi d’un sommeil serein, bercés par le bruit des vagues déferlantes.

Marc se met en bricolage dès le matin, il change la roue arrière gauche qui se dégonfle souvent et il se met à vouloir changer les plaquettes de frein avant gauche, ca couine depuis hier. Et voilà, nous avons la même panne qu’à Dakar, le piston de l’étrier est collé et marc ne peut rien faire, nous devons trouver un mécanicien. Nous avons de la chance, nous avons l’adresse d’un garage Ivéco à Walvis Bay. Pas de temps à perdre, nous levons le camp.

 

Les plages désertes laissent bientôt la place à des constructions luxueuses. Villas, hôtels, résidences touristiques poussent comme des champignons. Les bâtisses et édifices sont colorés et les abords sont agréablement agrémentés de palmiers et de fleurs. Les villes aux larges avenues sont propres, les maisons même les plus modestes sont impeccables, peintes et bien entretenues, il règne dans les rues très commerçantes une atmosphère paisible.

Au garage Ivéco  nous prenons rendez vous pour le lendemain matin.

Pour le reste de la journée nous installons notre bivouac après les marais salants de Walvis Bay sur la piste qui va vers Sandwich Harbour (23°00’90 S - 14°24’26 E) . Nous sommes seuls, l’immense plage est à nous mais l’eau est tellement froide (18°) qu’il n’y a encore qu’Ulysse qui se baigne.

 

Vendredi 15 février : nous sommes chez Ivéco à 8 heures 30. Marc explique notre problème, les ouvriers ne perdent pas de temps comme à Dakar. Cette fois, la pièce est réparée et non remplacée. Une heure et demie après le début de l’opération sur Bagheera nous sommes chez Fireston pour faire réparer notre pneu crevé, puis le temps d’un petit ravitaillement, nous quittons la côte pour nous diriger vers Solitaire puis Sespriem et les dunes.

Nous passons, le GPS nous l’indique ainsi qu’une grande pancarte sur le bord de la piste, le tropique du Capricorne. Le paysage qui nous entoure est encore étonnant et époustouflant. La végétation se raréfie pour ne laisser place qu’aux roches de couleurs variées.

L’accès aux dunes est payante, 170 $N (soit environ 17 Euros) mais le camping est devenu hors de prix, il a été refait l’année passée et les prix ont flambés, pour deux la nuit est à 600 $Namibien, soit  60 Euros. Nous retournons sur nos pas en espérant trouver un petit coin pour nous poser mais les clôtures nous empêchent de nous écarter de la route. Comme il n’y a pas beaucoup de circulation, nous restons sur un petit terre-plein sur le bord de la route (24°25’50 S - 15°54’43 E), non loin d’une colonie de républicains, ces petits oiseaux qui vivent en collectivité et construisent de merveilleux nids.

 

Le lendemain, nous nous levons juste avant le lever du soleil, il y a un peu de brume. Les montagnes rocheuses font place petit à petit à des dunes de sable, un long ruban de goudron passe à travers ce splendide environnement, il n’y a que les cinq derniers kilomètres qui se font dans le sable et là, le 4X4 est fortement recommandé. Les bus de touristes s’arrêtent ici et les vacanciers continuent leur excursion en shuttle (véhicule tout terrain en partie découvert avec des banquettes à l’arrière)

Sur le parcours nous désensablons deux voitures, nos plaques d’envol sont d’un grand secours.

Sur le site de Sossuslvei même, la balade se fait à pied, nous trouvons un peu d’ombre pour Bagheera et pour Ulysse qui par cette chaleur ne supporterait pas de marcher dans le sable hyper chaud. Nos pas nous guident vers des lacs asséchés semés d’arbres morts. Nous entreprenons l’ascension d’une dune, marc a mis son tee-shirt sur sa tête pour se protéger du soleil. Nos pas deviennent de plus en plus lourd, notre allure déjà bien lente se ralentie encore avec le sable mou et brulant. Un petit serpent blanc qui ressemble à une brindille de buisson séchée se prélasse à l’entrée de son trou ! Nous n’avons même pas de chaussures de marche montante. Mine de rien, le sommet de la dune est encore loin, nous capitulons très vite et faisons demi-tour. Le retour est difficile, nous sommes en sueur, Eve doit faire de nombreuses haltes pour reprendre sa respiration, heureusement que nous avons emmené du biltong (des copeaux de viande séchée) et de l’eau citronnée.

Il fait 45° au soleil et 35 à l’ombre, il fait un peu moins chaud dans le camion mais Ulysse est heureux de sortir de la fournaise. Nous nous désaltérons au maximum avec de l’eau avant de déguster notre bière hautement méritée.

Le ciel s’obscurcit, les nuages noirs sont annonciateurs d’orage. Alors que nous avons joués les sauveurs à l’aller, nous jouons les ensablés au retour. Ca nous arrive à nous aussi. Nous nous y prenons à trois fois avec les plaques d’envol pour nous tirer d’affaire et à chaque fois il faut ratisser et creuser devant les roues. Le vent se lève, les tornades lèvent des nuages de sable, le tonnerre éclate violemment près de nous, la pluie se met à tomber par trombes d’eau, les grosses gouttes nous procurent alors un petit rafraichissement agréable. Fatigués par cette journée époustouflante nous retournons au même bivouac que la veille. Nous prenons une douche dans le camion, car avec la sueur, le sable, la pluie et le produit solaire nous sommes un peu poisseux.

 

Dimanche 17 février : le ciel s’est de nouveau couvert. Nous avons l’intention encore une fois de rejoindre la mer, la longue piste qui passe à travers le Great Namaland quoique magnifique, en devient monotone malgré les paysages différents que nous voyons défiler derrière notre pare-brise qui encore une fois, suite à une mauvais secousse, est sorti de son logement.

 Des fermiers habitent ces contrés isolées, nous distinguons au loin des éoliennes. La route qui mène à Lüderitz est goudronnée. Nous stoppons pour le reste de la journée et pour la nuit à l’observatoire des chevaux sauvages (26°35’70 S - 16°04’55 E). Nous avons la chance de voir les troupeaux arriver au galop depuis la montagne. Une petite cabane en bois est construite afin de permettre aux touristes d’observer ces splendides chevaux qui viennent s’abreuver. Ils ne sont pas farouches et plutôt intrigués par la présence d’Ulysse qui reste encore planté devant les fourrés à la recherche de lézards, ils s’approchent par curiosité et nous pouvons les filmer et les photographier à loisir.

 

Lundi. Les chevaux ne sont pas au rendez vous ce matin, mais un chacal nous observe de loin.

Lüderitz, petite ville du bord de mer possède un très agréable port où sont amarrés bateau de pêche et de commerce et une dizaine de voiler sont à l’ancre dans la baie.

Nous ratons la pancarte d’Agathe Beach et nous nous retrouvons pour aller à cette magnifique plage, à longer la mer et à passer sur une piste étroite et super accidentée à travers des rochers, alors qu’il y a à la sortie de la ville si on ne loupe pas les panneaux indicateurs, une vraie piste large comme un boulevard.

Le coin est trop sympa pour n’y passer qu’une nuit, nous retournons en ville pour faire un peu de ravitaillement au supermarché OK, surtout en charbon de bois et en viande à griller car sur la plage il y a des barbecues à disposition. Cala faisait longtemps que nous n’avions pas posé « nos valises » une journée entière !

L’eau est tout de même un peu fraiche pour faire de longues baignades mais la longue plage encourage à la marche et à la bronzette, les rochers de la pointe attirent marc qui revient avec quelques palourdes. Une otarie solitaire fait des allées et venues dans la baie, nous prenons le temps de ne rien faire, nous sommes des rois. Le soir marc se transforme en « barbecueman », la large tranche de bœuf marinée fait saliver Ulysse, nous dégustons la viande fondante avec un petit bordeaux (amené de France) de derrière les fagots.

 

Mais le voyage c’est le voyage et nous n’avons pas encore trouvé le lieu idéal pour nous arrêter plus longtemps, la température de la mer n ‘est pas encore assez chaude pour nous. Nous sommes mercredi, nous quittons Lüderitz et son petit havre de paix, nous passons la zone diamantifère, les dunes sont grises.

A Keetmantshoop, nous nous renseignons dans l’agence d’assurance Securitas sur le cout d’une assurance pour le camion. La durée minimum d’un contrat est d’un an alors que nous ne voulons que deux voire trois mois, ils consentent à descendre à six mois mais le prix qu’on nous demande est si exorbitant (2500 $N soit environ 250 €) que nous abandonnons l’idée. Un orage et une pluie torrentielle s’abat sur la ville en un rien de temps, les caniveaux débordent et tout le monde cherche un abri.

En allant vers le Fish River Canyon, nous dépannons un minibus de touristes hollandais dont l’attache remorque est à moitié démontée et ils n’ont aucuns outils. Tout le groupe est sympa et Ulysse devient vite la coqueluche de ces dames qui le gâtent de morceaux de biltong !

Nous campons au Canyon Road House (27°31’35 S - 17°49’00 E) le jour se couche vite et nous arrivons un peu trop tard pour profiter de la piscine.

 

Jeudi 21 février : Cool la douche chaude ce matin ! Nous profitons des installations et faisons le plein d’eau des réservoirs.

Il y a quelques voitures sur les pistes du Parc National du Fish River Canyon. Nous sommes en contemplation du Fish River qui serpente majestueusement à travers les vallées encaissées du canyon lorsque nous entendons parler français. Un jeune guide blondinet conduit un groupe de touristes. Nous parlons respectivement de nos régions de France et il s’avère que ce jeune garçon est de Bourgueil ! Mais oui, bien sur, nous ne le connaissons pas mais nous savons que la secrétaire de mairie de Benais a son fils qui exerce le métier de guide en Namibie et c’est effectivement lui que nous avons devant nous.

Mais voilà qu’Ulysse se met à aboyer et alerte des ouvriers ou gardiens, on ne sait pas vraiment. Bref ils nous demandent de leur présenter le permis d’entrée du chien dans le parc, papier que nous n’avons pas bien sûr. On s’en tire pas trop mal, nous leur promettons de calmer Ulysse avec quelques comprimés, ils acceptent. Allez hop Ulysse, cinq pilules, le temps de la visite. Nous roulons beaucoup pour apercevoir le Fish River sous toutes ses coutures mais il n’y a pas d’animaux à voir !

A Ai Ais, le campement est fermé pour rénovation, une pancarte aurait put être installé au début de ce cul de sac, tous ces kilomètres dans la montagne pour rien !

Nous suivons des pistes en plein désert pierreux, au bout de plusieurs heures sous un soleil implacable, nous arrivons en vue d’une vallée verdoyante. Nous sommes arrivés sans trop en être sûrs, le long du célèbre Orange River. Nous longeons son cours d’eau en espérant trouver un peu d’ombre pour le bivouac mais c’est sans succès. Le vent est extrêmement chaud, il fait 50°, nous n’avons qu’une hâte aujourd’hui, c’est que le soleil se couche. Nous dénichons juste un petit emplacement (28°18’65 S - 17°22’66 E) pour garer Bagheera qui comme nous a besoin de s’arrêter. Il fait tellement chaud que le frigo peine à refroidir les bouteilles d’eau et les bières que nous buvons d’un trait. La nuit nous avons recours au brumisateur pour nous rafraichir un peu, même Ulysse en a besoin sur son museau.

 

Le jour suivant, nous nous rendons tranquillement vers la frontière. Nous découvrons alors les premières vignes qui sont cultivées en treille pour que les raisins soient à l ombre et que les cueilleurs puissent passer sous la treille pour la récolte. Peu avant le premier poste frontière, nous nous arrêtons pour faire le plein de gasoil. Dans la boutique, des mangues sont à vendre, elles sont énormes, Eve ne peut résister à la tentation et vu le prix, il ne faut pas s’en priver. Le carton de douze revient à 25 $N = 2,5€ !

Les formalités de sortie en Namibie sont ultra rapides, les douanes ne veulent pas tamponner notre CDPD car il y a une entente douanière avec le Swaziland, le Lesotho, le Botswana et l’Afrique du Sud. Nous ferons tamponner notre carnet seulement à la sortie de l’Afrique du Sud.

Nous passons au dessus de l’Orange River, la frontière naturelle avant d’atteindre les bureaux frontaliers de l’Afrique du Sud.

 

Préparez vos passeports.

 

Bisous, Eve, Marc et Ulysse.

 



20/10/2008
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