Bagheerafrica

Baobab n°27 l'Angola 2/2

Le Baobab N° 27 (Angola)

 

 

 

Mercredi 29 janvier : Pas de fainéants, nous avons assez trainés à Luanda. A 8 heures du matin, de bonne humeur, nous quittons le parking (bien apprécié) du Club Naval. Nous prenons la direction de Lobito. La végétation se fait de plus en plus rare et sèche.

L’arrivée sur Porto Amboim est splendide, la mer est d’un bleu vif et lumineux, la ville est très étendue et ses maisons de brique de terre sont recouvertes de toits de chaume.

A environ 35 kilomètres après le carrefour  indiquant la ville de Gabela, nous découvrons entre la végétation les très jolies chutes de las guedas de agua de Benga (10°59'258 S - 14°05'747 E). Le pont en arcade qui est très joli de loin est en partie détruit et impraticable. Un nouveau pont a été construit derrière.

L’environnement de la vallée du Quévé est extraordinaire, la rivière coule mélodieusement tout en sinuosité au milieu d’une plaine verte et fertile  où pousse abondamment le maïs, les bananiers et les patates douces.

Nous nous retranchons derrière une carrière encore en exploitation pour trouver un bivouac

(11°01'495 S - 14°01'195 E). Nous ne sommes pas très loin d’un minuscule village mais les autochtones pourtant souriants restent discrets et distants. Cette nouvelle nuit en brousse nous apaise, nous sommes bien loin des klaxonnes, de la lumière des réverbères et de la musique, nous passons une nuit tranquille.

 

Le lendemain, nous traçons la route aussi vite que possible, nous passons Sumbe, ville en bord de mer et arrivons dans la poussiéreuse Lobito en travaux. Au moment de quitter le parking du supermarché Shoprite où nous avons fait un peu de ravitaillement, Marc fait une marche arrière  et percute le spoiler de coffre d’une Nissan en stationnement. Marc juge qu’il n’y a pas trop de dégâts et que le propriétaire pourra sans problème faire la réparation. Nous quittons donc le parking sous les regards de quelques adolescents. Nous n’avons pas quitté la ville embouteillée que nous nous faisons rejoindre et stopper par le propriétaire de la voiture endommagée. C’est un militaire qui en descend !

Nous sommes à proximité de la gare et un attroupement se crée rapidement autour de nous. D’autres militaires arrivent en renfort. Nous sommes mal barrés ! Nous sommes totalement dans notre tort, accident matériel plus délit de fuite, ça va chercher combien en Angola ?

Le militaire est fâché et il y a de quoi, il nous demande 600 $/US! Nous n’en croyons pas nos oreilles, nous essayons de négocier à 100 $ le plus calmement possible mais il reste intraitable. Puis il change de tactique et nous croyons comprendre qu’il ne veut pas qu’on lui donne de l’argent liquide en public (il y a beaucoup de monde à nous regarder) mais il nous propose de le suivre chez le marchand de matériel de voiture pour remplacer son spoiler cassé par un neuf. Marc essaie de le persuader que cela peut se recoller avec de la résine mais il refuse catégoriquement d’envisager cette solution, Eve essaie de calmer le « jeu » car la situation devient très tendue. Ne voyant pas d’autre solution à notre problème, nous repartons en direction de la ville bien encadrés par les militaires en voitures. Mais nous n’avons pas fait 500 mètres, qu’une sirène de police retentie, des policiers en armes nous somment de nous arrêter. Nous ne bronchons pas, les militaires expliquent la situation (en portugais), ce sont eux qui ont appelé les flics, ils se débrouillent. Apparemment les policiers ne sont pas tout à fait d’accord sur notre entente à l’amiable, nous devons tous les suivre au poste. Nous voici dans des locaux sordides qui sentent l’urine, dans une geôle quelques prisonniers attendent de connaître leurs sorts. On nous fait passer dans un petit bureau où trône une simple table en bois avec une chaise. On nous fait asseoir sur un banc et le policier se met devant sa machine à écrire, vraie pièce de collection. Mais il n’a pas l’intention de faire le moindre rapport et voulant comprendre ce qui s’est réellement passé, Marc lui résume par un simple schéma l’incident du parking. Le policier garde alors par devers lui pièces d’identité et cartes grises et nous exhorte d’accompagner le militaire pour acheter une pièce neuve. Nous faisons deux magasins, il n’y aucun spoiler qui correspond à celui que nous avons abimé. Le militaire ne veut pas prendre d’argent et attendre d’aller à Luanda pour trouver le bon modèle. Il jette son dévolu sur un spoiler blanc aux feux stop intégrés qu’il aura surement du mal à installer sur le dessus de son coffre, mais cela ne nous regarde pas, nous alignons les 150 $ demandés. Nous retournons tous au commissariat récupérer nos papiers respectifs (nous avions fournis des copies de la carte grise du véhicule et du permis de conduire international de Marc). Les policiers demandent à voir le nouveau spoiler, nous proposent de récupérer l’ancien mais ne sachant qu’en faire dans le camion, nous le leur cédons.

 

Contrariés par cette désagréable mésaventure que nous avons provoquée, nous quittons sans regret Lobito. Une nouvelle route est en construction à la sortie de la ville, les voitures ont tendance à rouler vite mais la présence de flics et de radars fait lever le pied.

Avant d’atteindre la mer, nous traversons une région de collines arides et caillouteuses. Nous trouvons un petit bivouac en surplomb de la mer à la Baia Azul (12°36'981 S - 13°15’086E) nous n’avons pas pu nous isoler mais malgré le grand nombre de maisons nous sommes très tranquilles. La nuit est calme, la brise maritime s’est calmée et il fait très chaud.

 

Jeudi 31 janvier : nous roulons beaucoup pendant cette journée. Nous trouvons toutes sortes de routes. De grands travaux routiers sont en cours et nous passons du goudron à peu près potable à de la piste tôlée, de la route défoncée à des déviations et pistes sablonneuses. Quelques carcasses de véhicules rouillés gisent au bord de la piste poussiéreuse. Le paysage que nous traversons (nous sommes à 800 m d’altitude) est désertique, les majestueux baobabs ont refaits leur apparition et les acacias sont nombreux. Les rivières où parfois ne coule qu’un maigre filet d’eau est le théâtre permanent des laveuses de linge.

Nous trouvons à nous installer pour la nuit un peu en retrait du village de kavi (14°17'382 S - 14°02'282 E), mais Bagheera n’est pas des plus discret et nous avons assez rapidement la visite de villageois très sympathiques qui veulent que nous allions nous installer plus près des habitations. Nous aimons bien notre indépendance et refusons l’invitation en prétextant qu’Ulysse peut faire peur aux petits enfants, ce qui est vrai et ils le constatent. Ils veulent alors laisser quelqu’un pour nous surveiller mais là encore nous leur signifions que notre chien fait un très bon gardien surtout la nuit.

 

Le jour suivant ressemble à celui de la veille en ce qui concerne une grande partie de l’état de la route, nous partons de notre bivouac aux alentours de 7 heures 30, ne laissant pas le temps aux autochtones de nous réveiller.

45 kilomètres avant Lubango, nous pouvons enfin rouler sur un asphalte neuf. La ville est d’un abord agréable avec beaucoup de larges avenues propres et bordée d’arbres.

Un site à ne pas louper dans la région est le point de vue de Tunda Val (les way-point pour s’y rendre sont dans le bilan du pays) la piste est longue, étroite, rocailleuse et en assez mauvaise état mais cela en vaut la peine car une fois arrivée à près de 2200 mètres d’altitude, le panorama y est superbe. Un petit vent frais nous accueille et nous sommes obligés de nous mettre à l’abri dans le véhicule pour déjeuner. De gros nuages noirs font leur apparition dans le ciel, nous redescendons dans la vallée avant d’être happée par la pluie et l’orage qui menacent.

Peter, notre ami hollandais avec qui nous avons traversé le Nigéria, nous a donné les points GPS pour un possible bivouac chez un hollandais qui met un petit bout de terrain de sa fazendha (sa ferme) pour les voyageurs de passage. Nous trouvons la dite ferme, le gardien nous laisse entrer, nous nous installons sur ce qui pourrait ressembler effectivement à un petit camping avec dalle carrelée et  sanitaires. Nous sommes tout juste établis que le jeune propriétaire du terrain vient nous trouver et nous demande de ne pas rester. Il semblerait qu’il garde ses emplacements pour des raids de voyageurs venant de Namibie et que les réservations se font par téléphone. Nous remballons notre matériel et nous allons nous installer à la mission catholique des Pères de la  Psallette (14°52'975 S - 13°27'534 E) où nous sommes très bien accueillis par le Père Auguste qui parle un peu le français et le Père Victor de nationalité Suisse qui est en Angola depuis 40 ans et est le fondateur de la mission. Aujourd’hui, c’est un « padre » angolais, le Père Tarcisio Tehikeke qui dirige la mission.

Le fort grain qui s’abat sur nous est bienvenu dans la région qui souffre de sécheresse. Depuis le mois d’octobre 2007, la pluie n’est tombée que 4 fois et les cultures ont énormément soufferts.

La nuitée dans la cour de la mission est gratuite, nous pouvons prendre des douches chaudes et faire un peu de ravitaillement en eau.

 

Samedi 2 février : avant de quitter la mission catholique, nous laissons au Père Tarcisio une enveloppe contenant quelques Kwansas, pour ses bonnes œuvres. A la recherche d’une station service nous nous perdons dans la ville, un jeune homme en chappa (petit minibus) nous indique très gentiment la bonne direction, mais pris dans le flot des voitures nous nous égarons en opposé de la bonne avenue. Le jeune homme qui nous a vu nous planter nous rattrape pour nous remettre dans le droit chemin.

 

La piste vers la frontière namibienne est longue, son mauvais état ne nous permet pas d’aller vite. Dans notre rétroviseur, nous apercevons un nuage de poussière, deux véhicules de voyages nous doublent, un camion et une jeep. Ce sont deux jeunes couples de voyageurs hollandais et un chien qui descendent jusqu’en Afrique du Sud. Ils n’ont en poche que les visas de transit de 5 jours et ils en sont à leur cinquième jour de route depuis la RDC (pas le temps de faire du tourisme). Ils arriveront probablement à la frontière namibienne demain !

 

Les angolais de la région sont plus souriants et enjoués que dans le nord, nous croisons grand nombres de femmes vêtues traditionnellement, les seins nus chargés de colliers de perles ou de cuir et ne portant qu’un simple pagne à la ceinture.

L’avantage de cette région désertique est que nous pouvons trouver des bivouacs paisibles et à l’écart de la piste qui est très fréquentée par de nombreux camions lourdement chargés. Nous établissons notre camp au milieu d’une flore spectaculaire (16°23'309 S - 14°33'391 E)

 

La pluie a sévie dans la nuit de ce samedi à dimanche et c’est un ciel palot que nous découvrons à notre réveil. De longues trainées de nuages cotonneux s’étirent dans un ciel bleu délavé. La route est très mauvaise, d’énormes trous d’eau font obstacles à notre avancée. Les déviations ne sont pas toujours praticables. De nombreux petits villages et habitations bordent la piste. Les parcelles de terre et les jardins sont clôturés par des haies d’épineux enchevêtrés. Les cases sont regroupées et ceinturées par de hautes palissades faites de troncs de bois.

A Xangongo, nous n’arrivons pas à dépenser le reste de notre monnaie locale. Dans un petit troquet, nous goutons et savourons avant de quitter le pays, la N’Gola, la bière faite à Lubango avec l’eau de la Tundavala.

La piste vers Naulila est en mauvais état en raison des fortes pluies qui se sont abattues depuis quelques jours. Les bourbiers deviennent de plus en plus énormes et nombreux. Nous prenons en stop, Martin et Matéus qui laissent leurs vélos probablement chez des amis. Ils nous guident à travers la brousse, nous faisant contourner les terrains inondés, nous faisant faire des tours, des détours et des contours. Sans eux, nous aurions sûrement abandonnés cette expédition et nous aurions regagnés la grande route pour arriver en Namibie par le poste frontière le plus couramment emprunté. Mais voilà, nous voulons aller aux chutes de Ruacana, alors nous prenons au plus court.

Arrivés à Caluéqué, nos deux amis qui nous ont très bien dépatouillés nous quittent sans rien nous demander. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, nous nous gourons encore une fois de piste et suivons, nous le pensons de traces de roues de camion. La piste de sable devient de plus en plus étroite, nous doutons, les camions ne peuvent pas empruntés cette voie pour arriver à la frontière. Les marques s’avèrent être celles d’un tracteur avec une remorque pleine de bois que nous croisons difficilement. Nous faisons comprendre au chauffeur que nous sommes égarés. Encore une fois, on nous remet dans le droit chemin. En fin de compte, arrivés à la ville il nous fallait suivre par une piste en mauvais état, le canal et la ligne haute tension.

Nous arrivons vite en vue du poste frontière, nous nous garons le long du canal pour y passer la nuit (17°22’93 S - 14°34'023 E) et attendre demain matin pour entrer en Namibie.

 

Préparer vos passeports.

 

Bisous, Eve, marc et Ulysse.



20/10/2008
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