Bagheerafrica

Baobab n°13 Le Nigéria

                  Le Baobab N° 13 (Nigeria) 

 

 

 

            Mercredi 7 novembre 2007, notre mini convoi se met donc en route pour le passage des frontières Niger-Nigeria. Le camion couleur kaki de Peter et Tessa et notre Bagheera jaune en scotchent plus d'un sur le bord de la route. La Tortue hollandaise (car l'ancien véhicule autrichien de Peter dépasse très rarement les 60 kilomètres heure !) et la panthère noir française font une sacré paire hétéroclite.

 

            Les formalités côté Niger, quoique un peu lentes, se font sans aucun problème. Nous faisons du change de nos Francs CFA en Neiras, la monnaie locale du Nigeria. (272 Neiras pour 1000 F/CFA. 180 Neiras pour 1 Euro)

            Quelques kilomètres plus loin, à Katsina, la police du Nigeria nous reçoit fort aimablement en ….Anglais, et c'est là, que les compétences linguistiques de nos deux amis s'avèrent utiles.

            Alors que nous avons un visa de 30 jours, Peter et Tessa 10 jours, le policier, on ne sait pourquoi, inscrit 20 jours de délai sur nos passeports ! Cela devrait quand même nous suffire.

            Du côté de la douane, les Carnets De Passage en Douane posent des petits soucis aux douaniers qui se mettent à cinq pour compléter les feuillets, tout en nous demandant conseils.

 

            Mais alors que nous allions rejoindre nos véhicules, nous sommes interpellés par un jeune homme vêtu d'un costume cravate qui nous prie de le suivre dans son bureau au premier étage du bâtiment. Nous nous regardons tous les quatre avec une petite pointe d'étonnement et d'inquiétude. Un autre homme attend dans le bureau et pendant que nous remplissons des fiches de renseignements, il nous questionne longuement sur les buts de nos périples, Peter fait office d'interprète. Ces deux messieurs appartiennent aux Services Secrets et ne comprennent pas pourquoi nous effectuons ces voyages jusqu'en Afrique du Sud par voie terrestre alors qu'il serait si facile pour nous de les faire par voie aérienne. Le tourisme messieurs ! Et il faut croire que nous n'aimons guère la facilitée ! Après bien des palabres et convaincus ou pas par nos déclarations, ils nous « relâchent » et nous sommes enfin libres de circuler sur le territoire Nigérian.

 

            D'un commun accord avec Peter et Tessa, nous avons décidé de ne pas aller à Lagos la capitale mais de nous pointer à la frontière du Cameroun sans visas. Nous avions eu des renseignements sur le net, nous précisant qu'il était possible de se les faire établir à Maroua à 60 kilomètres du poste frontière. Alors, allons y au culot !

 

            En suivant le camion de Peter, il nous est impossible de faire des excès de vitesse, nous le suivons docilement pendant ces cinq jours que nous mettons pour parcourir les 950 kilomètres par la route du nord et nous avons tout notre temps pour profiter du paysage malgré parfois une certaine monotonie. L'harmattan (vent du Nord) qui se lève en début de journée pose souvent son voile flou de poussière sur l'horizon, une brume cotonneuse emprisonne alors le soleil mais la température ambiante avoisine toujours entre 28 et 30°.

 

            Notre bref et rapide passage au Nigeria aura été placé sous le signe des très nombreux contrôles routiers. Au plus fort, nous avons été stoppés 21 fois sur 85 kilomètres, ce qui fait 1 contrôle tous les 6 kilomètres, qui dit mieux ? Dans le désordre et parfois consécutivement, nous avons été arrêtés, par la gendarmerie, les douanes, la NPF (Nigérian Police Force), les services d'immigration, les militaires en tous genres, la patrouille anti-crime, la patrouille anti-contrebande, la police de la route !!!!!

            Mais à chaque fois, Peter trouve les bons mots ou les bonnes blagues car pratiquement tous arborent rapidement de grands sourires et font passer les deux camions sans rien nous demander à nous. Nous avons bien sur quelques sollicitations pour des petits cadeaux mais sans acharnement. Peter offre une fois, un de ses cigares à un policier qui accepte de se faire prendre en photo en compensation.

            Nous avons par contre, failli nous faire amender par la police de la route car nous ne portions pas de ceintures de sécurité. Mais le bagou de Peter et la compréhension d'un supérieur ont sus calmés les ardeurs d'un jeune policier qui se faisait déjà une joie d'épingler deux touristes. Cela aurait pu nous coûter 1000 Neiras (5,5 Euros).

 

            La densité de la circulation, voitures et motos, la pollution et les nombreux embouteillages, rendent difficile la traversée des villes, surtout Kano, qui s'étend sur près de 20 kilomètres et où nous suffoquons. Peter demande très souvent notre route.

            Potiskum est la localité rendez-vous des mécaniciens, tôliers et ferrailleurs. Des centaines de carcasses de camions et semi-remorques gisent sur les bas côté tout au long de la grande avenue centrale de la ville. A Maiduguri, toutes les stations services proposent de l'essence mais plus de Gasoil, sauf au marché noir. C'est à Bama, dernière bourgade avant la frontière du Cameroun, que nous pouvons finalement faire le plein de nos réservoirs, mais bien sur à un prix plus élevé qu'à kano : 110 Neiras au lieu de 98 ! Soit 0,61 Euros.

 

            Une des choses très frappantes dans ce pays producteur de pétrole est la très grande quantité de stations services. Il y en a en construction à tout bout de champ alors que beaucoup sont abandonnées ou pas fini d'être construites. Toutes ont pratiquement une mosquée colorée  (aux couleurs de la compagnie de distribution de carburant) attenante au parking ! L'Islam est encore omniprésente.

            Le réseau électrique, surtout la moyenne tension, est la plupart du temps à terre et les poteaux ciments sont brisés. Les transformateurs posés à tout juste un mètre du sol et encore en fonctionnement n'ont aucunes protections.  

 

            Notre cohabitation se déroule vraiment très bien. Peter fait de gros efforts pour bien parler le français et de notre côté, nous essayons de parler simplement et lentement. Tessa arrive à suivre en partie nos conversations dans notre langue et parfois Eve tente de renouer un peu avec l'anglais. Les deux nanas préparent le dîner  chacune leur tour sur le réchaud à pétrole hollandais installé tous les soirs dehors sur une grande planche amovible. Dans Bagheera, il fait toujours 30°. Mais faire la popotte en plein air n'a pas que des avantages. La lumière attire toutes sortes de bestioles volantes, sautantes ou piquantes, ce que Tessa n'aime pas du tout !

            Le stock de bière de Peter, qui en consomme au moins trois par soirée, diminue très « dangereusement » il a beau s'arrêter régulièrement dans les bars et aux dépôts de boissons,  à part des boissons gazeuses et des jus de fruits, il ne trouve que de l'eau minérale en bouteilles. (Ils ne boivent pas d'eau du service d'eau) mais cool Peter, avec nos propres provisions de Castel et de canettes de bière hollandaises, nous avons de quoi tenir jusqu'au Cameroun ! Par contre, le pain que nous trouvons n'est pas du vrai pain pour nous, c'est du pain de mie et il faut s'en contenter !

 

            Les bivouacs de nuit ne sont pas faciles à trouver, surtout pour deux véhicules. Les villages sont construits au bord de la route et les champs cultivés de haricots, de mil ou de canne à sucre, ne permettent que peu d'accès en brousse. Les nigérians (à part les officiels) ne parlent que le dialecte Haoussa. Très peu d'autochtones parlent et comprennent l'anglais et personne ne pige le français. Les villageois adultes n'osent pas nous approcher, par contre, les bandes de gamins s'enhardissent petit à petit jusqu'à presque nous envahir. Ulysse, fait de belles prestations d'adresse avec sa balle et les petits spectateurs tous étonnés par ce gros chien si doué, applaudissent de joie.

 

            Un matin, il est tout juste 5 heures 30 et nous entendons brailler à nos portes : good morning sir ! good morning sir ! GOOD MORNING SIR !! Les mômes ne savent dire que cela même en fin de journée. La bande de petits mioches, filles et garçons s'installent alors pour de longues heures à nous observer. Nous avions l'intention de rester à ce bivouac pour la journée (nous voulons arriver à la frontière camerounaise seulement lundi matin et nous sommes un peu en avance sur notre planning) mais les enfants habitués à nous et au chien, n'ont pas l'intention de nous « lâcher » alors nous nous déplaçons seulement de quelques kilomètres essayant cette fois de trouver un endroit isolé.

            Au petit jour du lundi 12 novembre, dernier bivouac au Nigeria, alors que nous pensions être réellement planqués, le bruit d'un véhicule nous tire tous du sommeil. Peter qui sort le premier de son lit tombe nez à nez avec plusieurs militaires armés jusqu'aux dents. Notre ami leur explique que nous faisons du tourisme et que nous nous rendons au Cameroun. Cela leur suffit, ils s'en repartent à travers la brousse aussi vite et discrètement qu'ils en étaient arrivés.

 

            Les routes du Nigeria sont relativement en bon état. Il y a encore des passages délicats avec du goudron éclaté ou des pistes parallèles aux importants travaux de voieries en cours de réalisation. Les nigérians ont tendance à rouler très vite et les accidents sont fréquents et sûrement graves à voir les nombreuses carcasses calcinées de minibus et de voitures abandonnées sur le bord de la route.

 

            Les 25 derniers kilomètres avant Kourgui, ville frontalière, sont extrêmement durs tellement la route goudronnée est défoncée !

            Pourtant partis dès 8 heures du matin de notre bivouac, nous n'arrivons à la frontière qu'à 9 heures 30. Nous nous faufilons à travers les ruelles populeuses de la petite ville et nous nous garons tant bien que mal près des locaux des douanes et des services d'immigration.

 

            Nous attendons patiemment une heure environ, le temps qu'il faut pour qu'on nous tamponne les 2 Carnets De passage en Douane et qu'un policier aille faire des photocopies des fiches de renseignements que nous devons remplir sagement. Un agent des services de santé, nous demande nos carnets de vaccinations et nous inscrit sur un registre. Nous nous demandons encore si il avait compris que nous sortions de son pays !

 

            A 11 heures, nous passons dans l'autre partie de la ville qui côté camerounais se nomme Amchidé. Voyons comment nous allons être accueillis dans un pays sans visas déjà établi.

 

            Pour le savoir, rendez vous au Baobab N° 14.

 

 

Mille Bisous à vous, Eve, Marc et Ulysse.

 

                            

           



03/03/2008
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