Bagheerafrica

Baobab n°11 Le Niger - 1/2

                   Le Baobab N° 11 (Niger)

  

 

            Mercredi 31 octobre : Cela fait longtemps que nous n'avons pas eu un bivouac aussi agréable et nous sommes surpris par la timidité des nigériens qui nous observent de loin mais n'osent pas nous approcher, ça nous repose des nombreuses visites des autres pays.

           

            Pour la nuit comme il fait chaud, nous laissons la porte latérale du camion ouverte. Mais si la moustiquaire fait un rempart contre les moustiques, elle ne sert pas à grand chose contre un Ulysse qui, la nuit, ne supporte aucun rôdeur à 4 pattes autour du camion, il bondi alors tel un fauve aux aboies, coursant l'intrus pour le faire fuir.

            Nous sommes le dernier jour d'octobre, le thermomètre chute dangereusement. Au petit matin, il ne fait que 23° dans le camion et, nous sommes obligés de ramener le drap de lit sur nous. A l'extérieur, le mercure affiche 20°, mais le soleil se charge vite de le faire monter.

 

            Avant de repartir , Marc vide notre bidon d'eau douce dans le réservoir du camion, mais les dix litres d'eau se retrouvent coulant à terre !? Un petit coup d'œil sous le camion et il s'aperçoit qu'une ligne d'amortisseurs supplémentaires est dessoudé du châssis, le fer en U de 70 x 40 qui supporte les deux amortisseurs est cassé, ce qui, avec les secousses de la piste a défait le tuyau de remplissage d'eau. Marco, se transforme de nouveau en brave petit mécanicien, re-fixe le tuyau d'eau et démonte la ligne d'amortisseur cassé. Pour le réparer, il va falloir trouver un soudeur à l'arc, gros chantier ! En attendant on roule avec une seule ligne d'amortisseur et ceux à air comprimé dont il faudra surveiller la pression. Cela ne nous empêche pas de continuer la piste sableuse, nous ne constatons pour le moment aucune différence avec deux amortisseurs de moins.

 

            30 kilomètres plus loin, nous arrivons à Téra. Les bureaux de la police sont situés autour de la grande place de la mairie. Tout se passe bien, mais le policier qui possède le tampon qui doit faire état de notre entrée au Niger (il y en a sûrement qu'un seul) s'est absenté pour un petit moment. Du coup, nous avons le temps de parcourir les petites échoppes du marché à la quête de pain, d'une carte SIM Celtel et d'une recharge téléphonique avant de récupérer nos passeports tamponnés.

 

            Fini la piste, nous retrouvons le goudron dans la ville. Pour connaître l'emplacement des bureaux de douanes, il faut aller demander au poste de péage (1000 F/CFA) à la sortie de la ville. En fait, les douaniers sont tout simplement sut l'ancienne piste mais rien, à part le drapeau national, n'indique la présence d'autorités. Le douanier qui semble ne pas avoir trop l'habitude de remplir un Carnet De Passage en Douane de touristes, doit se référer à un modèle qui traîne dans un dossier et nous demander conseil pour savoir où apposer les signatures. Nous sommes à partir d'aujourd'hui à l'heure UT plus une heure, donc à la même heure d'hiver que la France.

 

            Pour rejoindre Niamey, la capitale, nous avons la possibilité, soit d'emprunter une piste passant par Namaro et Boubon, soit de franchir le fleuve Niger par le bac à Farié (prix pour le camion et deux personnes: 3500 F/CFA – soit environ 5,30 Euros) Mais comme l'après-midi est déjà bien avancée, nous préférons trouver un bivouac tranquille sur la piste et revenir prendre la bac demain matin.

            Mais voilà, la large piste en latérite qu'il nous faut prendre est bordée continuellement de villages successifs et de champs cultivés de mil, de sésame, de manioc et de moringa non accessibles. Les épis du petit mil tout juste récolté attendent près des petits greniers de terre construits parfois sur des surplombs rocheux. La piste facile fait place rapidement à de la belle tôle ondulée. La beauté du paysage surplombant le majestueux fleuve Niger et sa diversité atténuent la difficulté du parcours. Nous cherchons vainement un petit coin tranquille pour la nuit, il y a toujours des villages, des maisons, du monde. Du coup, nous roulons et roulons encore jusqu'à l'abandon de l'idée de revenir passer le bac demain. Finalement, nous osons nous installer dans un champ de mil récolté auprès de quelques habitations. Dès que nous arrivons, plusieurs femmes occupées à des travaux des champs nous réclament cadeaux, vêtements, bassines, nourriture…. Nous attendons vivement le coucher du soleil pour que chacun rentre chez soi.

 

            Le lendemain, jeudi 1 novembre, nous faisons connaissance avec Niamey et un de ses flics qui nous arrête car Marc n'a pas respecté la priorité à droite sur un rond-point (nombreux dans la capitale) ce policier se montre aimable et compréhensif et nous laisse repartir sans amende et sans demander de bakchich.

 

            L'ambassade du Nigeria se trouve boulevard des ambassades (13° 31' 490N / 02° 03' 881E) nous remplissons soigneusement nos fiches et préparons deux photos. A 10 heures, nous sommes autorisés à pénétrer dans les jolis locaux de l'ambassade où une jeune femme à l'opulente poitrine largement dévoilée nous reçoit tout en mâchouillant son chewing-gum ce qui rend son anglais encore plus indéchiffrable à nos oreilles. Nos visas de 30 jours sont établis sur le champ en l'échange de 26 000 F/CFA (= 40 euros) par personne.

            Devant le portail de l'ambassade, nous retrouvons par pur hasard, les deux hollandais rencontrés brièvement devant les grilles de l'ambassade de Mauritanie à Casablanca au Maroc. Ils sont en route eux aussi pour le Nigeria (pour un visa de 10 jours, ils paient le même prix que nous !) nous faisons alors plus ample connaissance. Peter, chauffeur routier de son état « la Hollande » est en voyage pendant une année en compagnie de sa fille de 17 ans Tessa.

            Nous filons tous les 4 rapidos au consulat de France pour demander si il y a la possibilité de faire établir à Niamey les visas pour le Cameroun, ce qui nous éviterait de passer par Abuja dans le sud du Nigeria, région que nous préférons éviter. Nous trouvons porte close et pour une bonne raison !c'est que nous sommes le premier novembre et c'est jour férié en France. Le gardien très gentil, nous montre le formulaire qu'il faut remplir pour obtenir les visas de certains pays comme, le Gabon, le Togo, la République Centre Africaine, le Burkina Faso, la côte d'Ivoire mais le Cameroun n'y figure pas, dommage !

Peter, ne tient pas trop à voyager au Nigeria seul avec sa fille et comme cela ne nous déplait pas d'avoir pour une fois des compagnons de route, nous nous donnons rendez-vous à Matadi le mardi suivant. Peter qui vient régulièrement en France pour son travail parle bien le français, Tessa, le comprend assez bien mais le parle très peu.

 

            De notre côté, nous profitons de cette halte dans une grande ville pour faire encore du ravitaillement au Marina Market (13° 30' 417N / 02° 07' 044E – fermé de 13 à 15 heures) où par bonheur nous trouvons de gros paquets de croquettes pour Ulysse.

 

            Nous nous garons ensuite sur le parking payant (200 F/CFA) du musée national et allons nous régaler à la cafétéria de la mairie située un peu plus haut où l'on mange très bien pour pas cher (repas couscous copieux pour 1200 F /CFA pour deux = moins de 2 Euros, la bière locale Niger à 500 F/CFA) mais à ce prix, il ne faut pas être trop exigent sur l'hygiène environnementale.

 

            Dès notre entrée au musée 1000F/CFA par personne, nous sommes prix en charge par un guide (3000 F /CFA) qui s'avère ne pas être obligatoire ni vraiment nécessaire (on s'est fait avoir) nous visitons le pavillon consacré à l'activité de l'extraction d'Uranium d'Arlit exploitée conjointement avec la France, le Niger est le troisième producteur mondial de ce minerai. Nous déambulons également dans le pavillon dédié aux découvertes archéologiques faites dans le désert. Les différents types d'habitats présents dans l'enceinte du musée n'ont aucun intérêt. Certaines cases sont en partie gâtées par les pluies et celles qui sont en bon état sont vides de tout objet usuel de la vie quotidienne des ethnies telles que, Djermas, Haoussas, Peuls, Tanguis)

            Le petit Zoo avec ses animaux sauvages cloîtrés dans des cages bétonnées font pitié à voir. Les lions sont tristes à mourir, les singes pathétiques. Les hippopotames coincés dans leurs minuscules mares semblent affligés par la solitude et le manque d'espace, les crocodiles sont mollassons et les boas n'osent même plus se montrer au public. Bref, on se serait bien passé de cette visite !

 

            Au petit marché un peu plus haut, nous allons avant de quitter la ville au ravitaillement de produits frais. Tous nos marchandages (n'en déplaise à Maxou) se font dans la bonne humeur et nous revenons à Bagheera où nous attend impatiemment Ulysse, les bras chargés de sacs de tomates, de pomme de terre, d'œuf et d'une grosse et belle pastèque.

 

            Le jour suivant, après un bivouac en brousse loin de la ville, nous continuons notre route vers Kouré, à 60 kilomètres de Niamey par la route de Dosso. Nous ne cédons pas aux nombreuses sollicitations sur le bord de la route, de jeunes gens pour nous mener en brousse à la recherche des girafes, nous allons directement au bureau des guides de Kouré où tout est organisé. L'état a repris la gestion du parc et les tarifs de visite s'en trouvent fortement modifiés. L'entrée est de 10 000 F/CFA par personne, 5000 pour la voiture et 500 par appareil photo ou vidéo, soit environ 40 Euros ! Et pour le guide, c'est à l'appréciation des visiteurs. Oh la note est salée ! Devant notre étonnement et du coup notre hésitation, le percepteur diminue de 12 000 F/CFA le prix des visites. On s'en tire alors pour 14 000F / CFA, soit environ 21 Euros, on laisse 2000 F/CFA et un super tee-shirt EDF pour le guide.

           

            Nous voilà parti avec Bonnet Blanc (notre guide porte un bonnet de laine blanche sur la tête) à travers les champs de mil sur d'étroites piste de sable ce qui ne le rassure pas. Il craint qu'on s'ensable et que nous restions bloqués de longues heures ! Même pas une demie heure après, nous avons la chance de pouvoir approcher un petit clan de girafes, un grand mâle qui doit bien mesuré plus de 5,50 mètres et deux femelles plus petite d'un mètre. Le mâle, plus farouche se laisse photographier et filmer mais s'écarte rapidement de nous tandis qu'une des femelles, joue la star et pose à une dizaine de mètres de nos objectifs. Il y a d'après Bonnet Blanc ou Blanc Bonnet, on ne sait plus ! 200 girafes dans le parc et chacune d'elle peut ingurgiter jusqu'à trente kilos de feuilles d'acacias par jour. Il a fallu apparemment négocier avec les agriculteurs locaux, car même si ces grandes bestioles fines et élégantes ne possèdent pas de grosses pattes, il arrive qu'elles piétinent parfois les plants d'arachides.

            Nous restons un peu sur notre « faim » nous ne sommes pas rassasiés avec ces quelques beaux spécimens. Le guide nous propose d'aller plus loin en brousse pour dénicher d'autres troupeaux. Mais malgré les nombreux kilomètres supplémentaires, l'œil de lynx de BB ne décèle aucune autre girafe et les villageois ne savent dire où elles se trouvent. Nous repartons semi satisfaits mais heureux d'avoir pus approcher de prêt ces très belles créatures de la nature.

 

            Nous installons, après une journée de route, notre campement de nuit en pleine brousse bien caché de la grande route passagère dans un endroit calme et paisible mais pas si isolé que nous l'espérions. (13° 15' 436N / 02° 40' 088E) les traces au sol, de charrettes ou de vélo nous indiquent que nous sommes sûrement à proximité de villages que nous ne voyons pas. effectivement, à la tombée de la nuit, nous avons la visite de courtoisie de trois nigériens très étonnés de nous voir installé ici, et pendant le début de nuit, plusieurs attelages menés par des bœufs passent silencieusement près de nous.

            Le matin, les villageois partant aux champs font escale auprès de Bagheera, Eve qui voulait profiter du calme de l'endroit pour se mettre à l'ordinateur et « bosser » un peu sur les Baobabs en retard ne peut rien faire. Les femmes sont assez culottées pour tirer le rideau de douche et « zieuter » dans le camion. De ce fait, nous plions bagages et roulons vers Dosso.

 

            Rendez-vous dans quelques kilomètres.

 

 

Bisous à vous, Eve, Marc et Ulysse.

                                  



26/02/2008
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