Bagheerafrica

Baobab n°06 Le Mali - 2/2

Le Baobab N° 06 (Mali)

 

 

            Dimanche 7 octobre 2007. Tel un leitmotiv, la journée va être chaude. Nous quittons notre petite esplanade après les vérifications mécanique journalières, nous nous lançons à l'assaut des quelques 20 kilomètres  de piste étroite qui nous sépare encore des chutes de Gouina, notre rêve.

            Mais HORREUR !!!Marc s'aperçoit que le pare- brise de Bagheera n'est plus tenu côté conducteur et que le caoutchouc de maintien se défait également côté passager. Nous en sommes déconcertés et scotchés ! Marc essaie de le remettre en place mais n'y parvient pas.

Que faire ? Nous sommes si prêt de notre but ! Abandonner ? Tous ces kilomètres de piste défoncée pour rien ? Ah NON !!! Eh bien si, les 20 kilomètres qu'il nous reste pour les chutes peuvent nous être fatal tout en sachant que les 60 kilomètres déjà parcourus, il faut nous les « retaper ».

            Chagrinés mais conscients de la relative gravitée de la situation, nous faisons demi-tour. Il est dit que nous ne verrons jamais les chutes de Gouina, les esprits africains nous les refusent !

 

            Nous avons maintenant les yeux constamment rivés sur le pare-brise que nous voyons bailler à chaque secousse du véhicule. Marc est encore plus prudent pour déjouer et passer les obstacles de la piste défoncée. Nous retraversons les villages un à un, suscitant cette fois moins de curiosité de la part des villageois.

           

            Un peu avant Sambaga, nous remarquons une pompe à eau isolée. Il n'y pas d'enfants à faire la corvée d'eau et pas de femmes à laver le linge, nous ne gênerons donc personne si nous nous y arrêtons. Une jeune malienne qui vient de terminer de laver ses légumes se sauve rien qu'à la vue d'Ulysse, son petit garçon s'accrochant de peur à son pagne.

            C'est pratiquement l'heure du déjeuner, il y a de l'ombre, de l'eau, que demander de plus. Courageusement, Marc fait le plein des réservoirs à l'aide de notre bidon et Eve se lance avec frénésie au lavage du linge sale qui commence à s'entasser dans le filet du coin toilette.

Mais voilà, la jeune femme apeurée s'est sûrement empressée de raconter à tout le village proche (Sambaga) que des blancs s'étaient installés à la pompe. Une petite bande de gamins et une jeune femme nous rendent visite. Face à nous, la plupart de ces enfants ne se comportent plus de la même façon que lorsque nous traversons leurs villages du haut de notre véhicule. Si ils osent parfois demander des cadeaux, il le font sans arrogance et devant notre refus n'insistent pas et restent à côté de nous par pure curiosité.

            D'autres groupes d'enfant surgissent de la brousse, nous commençons à être célèbre. Les filles sont nettement plus timides que les garçons, en plus elles ne parlent que très rarement le français. Un jeune garçon nous apporte une petite brassée de plante mais ce n'est pas n'importe quoi !ce sont des arachides et ce soir, nous nous endormirons moins sots, car les fruits que nous pensions trouver accrochés aux feuilles poussent en réalité sous terre fixés aux racines. Ces graines tout juste récoltées sont déjà mangeables et moelleuses.

 

            La piste néanmoins nous attend, il nous faut encore un peu souffrir avant de retrouver Kayes. Bagheera fait parfois du trois roues dans les passes difficiles et le pare-brise baille toujours autant augmentant notre stress. Il y a plein de fissures de la carrosserie tout autour du pare brise. Nous avons hâte d'en terminer et nous sommes soulagés lorsque nous retrouvons le goudron. Nous tournons définitivement le dos aux chutes de Gouina et roulons vers Diema et Bamako.

 

            Le lendemain, après une nuit calme passé au même bivouac que l'avant veille, c'est Eve qui se met au volant. Les lignes droites sur le goudron tout de même gâté par endroits de multiples nids de poules n'altèrent pas tellement la conduite sans direction assistée et Marc a eu pendant les deux jours précédents sa dose.

 

            Diéma est un carrefour stratégique (liaison Dakar Bamako) de nombreux camions y passent et profitent de cette halte routière pour se restaurer mais surtout pour y faire faire des réparations. Ici, c'est un véritable rassemblement de mécaniciens, de soudeurs, de réparateurs de roues, d'électriciens automobiles, de carrossiers, etc.

 

            Nous mettons à contributions les compétences de Samba Keïter, soudeur de métier. Pour faire les réparations il faut démonter les essuie-glaces et le pare-brise. Après un rapide examen, Samba nous annonce qu'il peut nous faire les travaux immédiatement pour 20 000 F/CFA (environ 30 euros) nous ne marchandons pas le prix (et toc Maxou !) l'ambiance autour du camion est bon enfant, Ulysse se faisant encore quelques copains timides. Samba se met au travail, aidé par Ibrahim Konté et Aboucar sacko. L'habillage intérieur de la cabine est démonté lui aussi, les étincelles fusent et notre petit vaporisateur manuel  se trouve alors bien utile. Les soudures acétylène sont plus importantes que prévu, les travaux durent plus longtemps, la note passe à 25 000F/CFA (environ 38 euros)

            Malgré les nombreux restaurants typiques qui bordent la grande route de Diéma, nous n'avons pas très faim (nous avons encore des réserves de kilos français) nous étanchons plutôt notre soif en achetant des Castel Beer, pas très fraîches au demeurant.

            L'équipe a du mal à reposer correctement le pare-brise, le caoutchouc extérieur côté passager n'est pas bien mis à cause de la prise d'air moteur qu'il faudrait démonter mais Marco n'y tient pas aujourd'hui. Nous le remettrons nous même dans les jours à venir. Nous prenons finalement la direction de Bamako tel quel.

 

            Les travaux de la route goudronnée sont bien avancés, il ne reste aujourd'hui jusqu'à Didiéri que 45 kilomètres de piste de latérite (terre rouge) au lieu des 100 kilomètres il y a six mois.

            Nous bivouaquons tranquillement en brousse. Pour la nuit, nous n'attachons pas Ulysse au bout de sa laisse. D'abord, sa grosse manille en inox doit lui peser au cou et ensuite comme il n'a pas le sommeil paisible, il fait beaucoup de bruit en bougeant sans cesse. Pour être  tranquille, nous posons sur le bas de la moustiquaire des alarmes ! Boites de conserves vides, canettes de bières, bref, tout ce qui peut faire du bruit si il fait bouger la moustiquaire en ayant l'idée d'aller voir ce qui se passe dehors.

 

            Mardi 9 octobre. Comme il fallait s'y attendre, à cause du caoutchouc mal remis, le pare-brise saute de nouveau côté passager ! Samba est peut être un pro du chalumeau mais pour ce qui est du remontage du pare-brise c'est pas ça. A refaire !

 

            Nous sommes tout juste à 12 heures dans les locaux de l'ambassade du Burkina Faso de Bamako pour faire nos demandes de visas. Le temps de déjeuner, de faire un aller retour pour rien de l'autre côté de la ville pour finalement trouver les deux supermarché fermés jusqu'à 15 heures 30, qu'il est vite 14 heures, heure à laquelle on nous remet nos visas sans attendre.

           

            Nous sommes encore une fois bien contents de quitter la grouillante ville de Bamako pour nous retrouver en brousse. En fin de journée, il fait tellement chaud dans le camion (35°) qu'il n'est plus pensable d'y faire chauffer le moindre plat. Nous passons au régime froid aux deux repas, la cuisson du riz, des pâtes ou de certaines viandes (côtes ou saucisses) se faisant le matin avant de prendre la route.

 

            Tout le long de la route vers Bougouni, nous subissons de nombreux contrôles de la police et de la gendarmerie, mais il fait si chaud que souvent les policiers ou les gendarmes n'ont pas le courage de venir jusqu'à nous. Alanguis sur leurs chaises longues à l'ombre bienfaitrice d'un arbre où d'une cabane, ils nous font souvent signe de passer d'un geste de la main bref et nonchalant.

 

            La route est très mauvaise, la pluie de l'hivernage a laissé ses profondes empreintes dans le goudron et les trous sont nombreux et dangereux. La surcharge des camions n'arrange en rien à l'état désastreux de certaines portions.

            Nous arrivons aux chutes de Farako le mercredi tout juste après avoir essuyé un violent orage accompagné de bourrasques de vent  et d'une très forte pluie. L'eau de chutes est abondante, mais l'orage l'a rendue un peu trouble. De l'eau douce pour nous tous seuls !

 

            Après 7800 kilomètres de routes et de pistes depuis la France, nous décidons une pause bien méritée de quelques jours. Nous restons jusqu'au samedi matin, les activités ne manquant pas pour nous deux.

 

            Pour Marc, la mécanique est toujours à l'ordre du jour. Il refait une nouvelle tentative de réparation du flexible de direction assistée. S'attaque aux feux de la gazinière qui ne tiennent pas enclenchés (pas facile et même très énervant de faire cuire quelque chose tout en gardant les doigts appuyés sur les boutons) son emploi du temps est occupé également par du petit bricolage de rien du tout : déplacement du balai à chiotte, mise en place du support pour le vapo d'Ulysse, nettoyage du klaxonne qui n'émet qu'un faible son,……..

            Pour Eve, il y a bien sur le nettoyage rituel de l'intérieur du véhicule et encore de la lessive à faire. Cette fois-ci il y a toute la place pour nettoyer correctement les draps. Elle se met également à l'ordinateur (qui sort pour la première fois de son placard) pour débuter les baobabs ! Pas facile de se remettre au boulot par cette chaleur !

Installés pour plusieurs jours, nous établissons réellement un campement de manouches. Le linge sèche sur le fil, le panneau solaire amovible installé au sol et orienté continuellement au soleil nous procure suffisamment d'énergie électrique pour faire fonctionner le réfrigérateur pendant la journée mais pas la nuit.

            Nous poussons le luxe un soir de faire des grillades de bœuf sur la braise de notre feu de camp. Nous avons acheté une grille au supermarché de Bamako. Après le repas, notre feu nous sert à brûler nos poubelles, qu'on ne trouve pas à déposer dans des bacs ou fûts, que ce soit dans les villes ou en brousse. Les moustiques sont toujours aussi malveillants à nos égards malgré les applications de répélent.

            Les soirées et les nuits sont plus fraîches que les jours passés et si la couette est depuis longtemps retournée dans son filet, le drap de dessus est toujours nécessaire.

Nous profitons enfin également tous les trois des cascades pour nos simples plaisirs de nous rafraîchir, de patouiller et de faire de grandes toilettes.

 

            Samedi 13 octobre. Fini le bivouac tranquille, il faut reprendre la route. Aujourd'hui, nous avons les frontières du Mali et du Burkina Faso à passer et nous espérons arriver ce soir à Sidi, dans le village de Mamadou.

 

Alors à tout à l'heure au Burkina. Mille Bisous, Eve, Marc et Ulysse.

                       

 



25/02/2008
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