Bagheerafrica

Baobab n°02 Le Maroc - 1/2

Le Baobab N° 02 (Maroc)

 

           

            Ici au Maroc, nous revenons à l'heure UT. Nous avons donc deux heures de moins qu'en France. Cette première journée va être longue.

 

            Nous sommes très rapidement plongés dans l'ambiance marocaine et une multitude d'images nous reviennent en mémoire. Les paysages, les maisons, les villages et les villes, les gens, tout cela n'a pas quitté nos esprits.

 

            Sur la route sinueuse de Tétouan à Larache, nous achetons 1,5 kg de figues pour 1,5 euros, de quoi oublier celles que nous avons laissé dans le figuier du moulin piard ! Et un beau melon jaune pour pratiquement le même prix.

 

            Nous sommes toujours un peu tracassé par le problème de direction assistée qui persiste. Marc cogite sur une astuce à trouver pour accéder  à l'écrou du flexible afin de resserrer l'ensemble et de stopper la fuite d'huile. Un mécanicien tout étonné, plus spécialisé dans la réparation des tracteurs que des voitures, accepte de nous couper notre clé plate de 19. Une idée trotte sûrement dans la tête de marco.

 

            Quelques kilomètres plus loin, nous crevons en plein centre d'un village. Les hommes sont en marche pour la prière à la mosquée, les gamins curieux rappliquent autour de nous à vitesse grand V, un cadavre de chien en décomposition, squattée par une colonie de mouches, gît pas très loin de nous. Interdiction à Ulysse de descendre du camion !

 

            Nous installons notre bivouac sur la très longue plage de la ville de Larache face à la ville et au port de pêche. Un petit voilier pavillon canadien est ancré dans la passe et se retrouve bien secoué à chaque passage de bateau de pêche.

Dès que Bagheera se retrouve les quatre roues sur le sable,  nous sommes immédiatement accueillis à bras ouverts par Mohammed « gardien de la plage »

« Ok, elles est très jolie ta plage Mohammed mais qu'est ce qu'elle est sale, on peut même pas y faire jouer Ulysse tellement il y a de détritus, il ne retrouve pas sa balle ! »

 

            Vu le décalage horaire, nous dînons tôt et nous couchons tôt, un peu comme les poules françaises. Pendant notre séance lecture, Ulysse se met à aboyer méchamment, nous entendons des voix faibles à l'extérieur, quelqu'un toque doucement sur la carrosserie. Nous songeons tout de suie à notre ami Mohammed qui nous avait dit qu'il viendrait dans la soirée pour parler. Nous n'avons pas envie de nous lever et il est trop tard pour éteindre la lumière et feindre de dormir. Nous crions assez fort pour que nos visiteurs nocturnes nous entendent et nous comprennent bien.

« Nous sommes fatigués, nous parlerons demain, bonne nuit, à demain »

Mais dehors ça discute toujours. Nous haussons le ton jusqu'à ce que nous entendions avec étonnement. « C'est l'Armée Royale » et crotte ça recommence, on va se faire virer. On s'habille dare-dare (c'est déjà du vécu, ça !) on allume le spot extérieur et oh !!!! Des hommes armés en uniformes kaki. C'est effectivement l'Armée Royale. Les quatre militaires arpentent la plage toutes les nuits pour des raisons de sécurité et de surveillance du littoral. Nous n'en sommes nullement chassés mais soumis à un simple contrôle d'identité. Nous pouvons dès lors regagner nos pénates et espérer passer une nuit tranquille.

 

            Dimanche 23 septembre. Dimanche pourrait être synonyme de grâce matinée, mais que nenni, le décalage horaire nous fait lever à 6 heures. Il fait un peu frais en bordure de mer mais le ciel bleu est déjà annonciateur d'une belle et chaude journée. Marc se remet en mécanique mais même avec la clé raccourcie, il n'arrive toujours pas à serrer correctement le flexible. Il capitule une fois encore en grognant.

Mohammed (qui n'est pas venu hier soir) ne tarde pas ce matin à nous rendre visite, il veut nous mener à sa maison mais nous déclinons gentiment l'invitation. A sa demande, mais nous ne comprenons pas pourquoi exactement, nous acceptons de l'emmener jusqu'à la route Larache - Tanger à environ trois kilomètres de la plage. Au carrefour, nous le déposons, ses adieux sont chaleureux, très chaleureux (comme si nous venions de passer six mois ensemble) trop chaleureux, Mohammed beau et jeune marocain a les mains un peu trop baladeuse pour Eve !

 

            Nous roulons vers Kinitra et longeons un peu le littoral  à Mhedya. Nous nous arrêtons pour déjeuner mais nous sommes vite envahis par une bande de gamins délurés qu'Ulysse n'effraie même pas. Refusant de manger devant ces mômes en haillons, nous nourrissons Ulysse, prenons quand même le temps de notre sainte bière et allons nous planquer quelques kilomètres plus loin dans une forêt d'eucalyptus pour y prendre notre repas.

 

            Avant de nous engouffrer dans Casablanca, nous faisons une pause sur l'immense plage de Mohammédia. (L'année passée, on s'en était fait virer par les douaniers en pleine nuit) C'est le coin des pêcheurs à la ligne. Ulysse encore une fois fini dans l'écume des vagues et se roule avec bonheur dans le sable chaud.

La plage est aussi un lieu de rassemblement pour les amateurs de foot, mais avant le match ou l'entraînement, pour stimuler l'équipe, rien ne vaut, une petite prière collective en direction de la Mecque.

 

            A Casa, Marc retrouve sans grandes difficultés l'emplacement du camping Oasis. Celui-ci est malheureusement fermé, un mur en parpaing en condamne l'ancienne entrée. Zut de Zut ! Nous sommes en plus totalement encerclés par des centaines de jeunes supporters d'une équipe de foot, habillés de blanc et de rouge, tout juste « échappés » du stade à proximité.

            D'après les flics qui essaient à grands coups de sifflets de réguler une circulation très dense, il faut aller au moins à une quinzaine de kilomètres en dehors de la ville pour trouver un camping. On voudrait ne pas aller si loin de la ville alors, on tourne, on vire dans la banlieue, on se retrouve sur la corniche, puis au sein d'un quartier où visiblement nous n'avons rien à y faire que de nous en éloigner. Nous revenons vers le centre de Casa, on nous refuse sur des parkings privés alors au hasard des routes et des ronds-points nous finissons par établir un bivouac assez particulier sur le parking d'un restaurant nommé « a ma Bretagne » malheureusement fermé à cette période de l'année. Le carrefour est surveillé par des gendarmes qui ne voient aucun problème à ce que nous y stationnions pour la nuit. Ils attendent visiblement avec impatience le coucher du soleil et la rupture du jeûne du Ramadan pour enfin aller se restaurer aujourd'hui.

La nuit n'est pas tellement calme, les radios des flics grésillent très souvent et assez fortement, il y a beaucoup de circulation jusqu'à une heure avancée de la nuit et les chants et prières musulmans nous parviennent assez distinctement grâce aux nombreux haut-parleurs des mosquées environnantes.

 

            Aujourd'hui nous sommes le lundi 24 septembre et c'est l'anniversaire de Marc. Pas de fête en perspective ni de gâteau avec 63 bougies. On va dire que le cadeau c'est le nouveau caméscope !

 

            Si nous sommes à Casablanca, c'est bien sur pour nous rendre au consulat mauritanien et nous faire établir nos visas d'entrée dans le pays. Connaissant les difficultés pour les obtenir, nous sommes devant les grilles du bâtiment officiel bien avant neuf heures. C'est une heure et demi plus tard que nous déposons nos dossiers dûment remplis, nos passeport, nos photos et 2 x 20 euros, avec l'espoir de récupérer nos papiers demain après-midi.

Nous profitons du reste de notre temps libre de la matinée pour visiter la grande mosquée Hassan II.

           

            Chef d'œuvre de l'architecture arabo-musulmane, la mosquée Hassan II est unique à travers le monde de par ses dimensions et son architecture, son minaret, est le plus haut minaret religieux du monde avec ses 200 mètres. Erigée en partie sur l'eau, elle est l'une des plus belles édifications initiées par feu sa majesté le Roi Hassan II du Maroc en se référant au verset du coran qui dit : le trône de Dieu était sur l'eau ……la salle des prières est d'une superficie de 20 000 M2 et d'une capacité de 25 000 personnes, elle est dotée d'une toiture ouvrante et deux mezzanines surélevées consacrées aux femmes. La salle d'ablutions est un joyau architectural, elle est constituée de 41 fontaines.

2.500 ouvriers et 10 000 artisans y ont travaillé pendant 6 ans de 1987 à 1993.

 

            Nous sommes intégrés dans un groupe de touristes français et nous avons droit à la visite guidée traditionnelle avec de temps à autre les bonnes petites blagues du guide à l'encontre des « bleus » La coutume veut que tout individu entrant dans la salle des prières se déchausse, tout le monde se plie à cette règle. Consciencieusement, nous mettons chacun nos chaussures dans des sacs en plastique distribués à l'entrée de la pièce sacrée et tout le long de la visite, dans cette belle et grande salle sombre et feutrée aux sols recouverts d'épais tapis mœlleux, nous n' entendons que les bruissements continus de plastique. Les nombreux groupes de nationalités différents se croisent cherchant parfois leur guide : « les français par là ! » «  los espagnolès par aqui ! »          

 

            Nous faisons une halte au supermarché Marjanne pour nous ravitailler en croquettes pour le chien et en bière pour nous. En cette période de ramadan, le rayon alcool n'est pas accessible à tout le monde et il faut montrer pattes blanches et pièces d'identités pour y accéder.

 

            Pas question de retourner à notre parking de la nuit précédente. A 10 Kms sur la route de Marrakech, nous bifurquons vers Medionna et dénichons un havre de paix au milieu d'une forêt de pins. (33° 27' 12N – 07° 36' 825W)

Eve range les livres dans de nouveaux cartons et Marc abonné à la mécanique répare la roue crevée. Son état graisseux de fin de journée nécessite absolument une douche et la prendre dehors alors que le soleil est sur le point de se coucher et que le vent frais s'est levé, c'est plutôt vivifiant malgré l'eau chaude.

 

Demain, retour à Casablanca et rendez-vous devant ce cher consulat mauritanien.

 

 

Mille bisous à vous. Eve, Marc et Ulysse.



19/02/2008
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